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Turquie : l’AKP d’Erdogan perd Istanbul et Ankara


Le président turc a tenu jusqu'à huit meetings par jour à travers le pays pour ces municipales. (photo AFP)

Le président turc a essuyé lundi un revers inédit en 16 ans de pouvoir, les résultats partiels d’élections municipales tenues la veille indiquant que son parti s’acheminait vers une défaite à Istanbul après avoir déjà perdu Ankara.

Confronté à une récession économique et une inflation record, le chef de l’État avait jeté toutes ses forces dans la campagne pour un scrutin local considéré comme un baromètre de sa popularité, tenant jusqu’à huit meetings par jour à travers le pays.

Si la coalition de Recep Tayyip Erdogan est arrivée en tête à l’échelle nationale avec 51% des voix, l’opposition a remporté Ankara et était en passe d’arracher Istanbul, deux villes que le parti présidentiel AKP et ses prédécesseurs islamistes contrôlaient depuis 25 ans.

À Istanbul, joyau de la couronne de Recep Tayyip Erdogan, qui a été maire de cette ville dont il a fait la vitrine de ses projets considérables d’infrastructures, le candidat de l’opposition Ekrem Imamoglu était crédité d’une courte avance sur l’ex-Premier ministre Binali Yildirim.

Le président du Haut Comité électoral (YSK), Sadi Güven, a indiqué lundi que Ekrem Imamoglu devançait Binali Yildirim d’environ 28 000 voix, d’après des résultats partiels, une goutte d’eau à l’échelle d’une ville de 15 millions d’habitants.

Binali Yildirim, qui avait revendiqué la victoire dès dimanche soir, a admis lundi que son adversaire « semble avoir reçu 25 000 voix de plus », mais a souligné « que le comptage des voix était toujours en cours ».

Quelle que soit l’issue de la bataille d’Istanbul, cœur économique et démographique du pays, Recep Tayyip Erdogan a déjà essuyé un revers cinglant avec la perte de la capitale.

Selon l’agence Anadolu, le candidat de l’opposition, Mansur Yavas, était en tête avec 50,90% des voix, contre 47,06% pour celui de la majorité, Mehmet Özhaseki, après dépouillement de 99% des urnes.

Ce dernier a déclaré lundi qu’il fallait « respecter la décision des urnes », mais ajouté que son parti était en train de déposer des recours pour contester des « erreurs très évidentes » commises selon lui dans plusieurs bureaux de vote.

 

Si la victoire de Ekrem Imamoglu se confirme à Istanbul, l’opposition contrôlera les trois premières villes de Turquie, avec Ankara et Izmir (ouest), pour la première fois depuis un quart de siècle.

Première récession en 10 ans, inflation record et chômage en hausse

Les résultats obtenus par l’opposition à Ankara et Istanbul sont d’autant plus remarquables que l’AKP a bénéficié d’une visibilité écrasante dans les médias, pour beaucoup contrôlés par le pouvoir.

Mais la situation économique semble avoir fait du mal à l’AKP, de nombreux électeurs rencontrés dans les bureaux de vote à Istanbul et Ankara, plaçant ce sujet au sommet de leurs préoccupations.

Alors que l’AKP s’est appuyé sur une forte croissance pour engranger les victoires électorales depuis 2002, il a dû, cette fois-ci, composer avec la première récession en dix ans, une inflation record et un chômage en hausse.

AFP