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Tunisie: une ville en grève générale « contre la pauvreté »


La ville de Sejnane se trouve au nord-ouest de la Tunisie, à l'ouest de la capitale du pays, Tunis (photo: dr)

Une grève générale pour protester contre la pauvreté a été observée mercredi à Sejnane, dans le nord de la Tunisie, où une femme a tenté de s’immoler par le feu après la suppression d’une aide sociale.

Écoles, commerces et administrations étaient fermés dans la journée, à l’exception des pharmacies, des urgences de l’hôpital et des boulangeries, ont indiqué un responsable syndical et un militant associatif.

Dans des vidéos publiées sur les réseaux sociaux, on peut voir une large foule défiler.

« Travail, liberté, dignité nationale », « Nous sommes tous Radhia Mechergui », ont scandé les manifestants.

Radhia Mechergui est une mère de cinq enfants habitant à Sejnane, dont le mari est malade et qui recevait une aide sociale de 150 dinars (51 euros). Le versement ayant été annulé, elle a fait plusieurs réclamations restées sans réponse. Elle s’est immolée par le feu la semaine dernière dans l’enceinte de la sous-préfecture, et est depuis hospitalisée.

Le sous-préfet de Sejnane a reconnu « qu’il n’y avait aucune raison à l’arrêt de cette subvention ».

« Elle bénéficiait de cette prime jusqu’en 2016, date à laquelle l’assistance sociale de la région a décidé de l’arrêter (…). Il n’y avait vraiment aucune raison de priver cette femme aux conditions sociales difficiles de cette subvention », a dit  le sous-préfet, Ali Hamdouni. « L’assistance sociale doit assumer les conséquences de ce qu’elle a fait ».

Selon Amor Barhoumi, le secrétaire général du syndicat UGTT à Sejnane, « l’acte de désespoir et de colère de Radhia Mechergui est l’étincelle qui a déclenché la colère des habitants de Sejnane ».

Car « la rue est en train de bouillir. Par solidarité avec Radhia et parce que tous les gouvernements qui se sont succédé depuis l’indépendance n’ont rien fait pour Sejnane. Après la révolution, nous nous sommes réjouis en pensant que les choses changeraient, mais c’est de mal en pis », a renchéri Riadh Ben Cherif Sahbani, un militant associatif.

Entre autres maux, ce dernier évoque « une pauvreté en hausse, de plus en plus d’enfants qui quittent l’école et le manque de lieux de loisirs ».

Dans un rapport, le FTDES, une ONG tunisienne, a jugé qu’un réel changement se faisait toujours attendre en termes de droits économiques et sociaux en Tunisie, sept ans après la révolution qui a renversé la dictature.

En dépit d’avancées démocratiques, « le chômage, la misère et les inégalités sociales et régionales se sont aggravés », a averti le FTDES, en soulignant le risque d’instabilité que cela entraîne.

Le Quotidien/ AFP