Les corps de plus de 90 migrants ont été retrouvés sur les côtes du sud de la Tunisie depuis début 2019, la quasi-totalité en juillet, après une série de naufrages d’embarcations faisant route vers l’Europe, ont indiqué jeudi des sources médicale et humanitaire.
L’hôpital de Gabès, le seul du sud de la Tunisie capable de faire les prélèvements ADN permettant l’identification des victimes, a recueilli 92 corps depuis janvier, dont plus de 80 depuis début juillet, a indiqué à l’AFP son directeur, Hechmi Lakrech.
Le responsable du Croissant-Rouge dans le sud de la Tunisie, Mongi Slim, a confirmé ces chiffres. Il a estimé que parmi les corps retrouvés figuraient des migrants ayant péri dans le naufrage d’une embarcation clandestine partie de Libye début juillet avec à son bord plus de 80 personnes, selon le témoignage d’un survivant, et évoqué des victimes d’un probable « autre naufrage ».
Des naufrages passés inaperçus ?
Plusieurs embarcations clandestines ont chaviré au large de la Tunisie, faisant, selon les témoignages des rescapés, des dizaines de morts depuis mai. La réduction des secours en mer en raison de blocages judiciaires et administratifs rencontrés par les navires humanitaires notamment laisse craindre que d’autres naufrages entre la Libye et l’Italie soient passés inaperçus. Parmi les 92 corps retrouvés depuis le début de 2019, 61 ont été enterrés, pour la plupart à Zarzis, ville portuaire du sud située entre Djerba et la frontière libyenne, selon le maire-adjoint de la ville, Faouzi Khenissi. Nombre de corps se trouvent encore dans la morgue de l’hôpital de Gabès, ont constaté des journalistes de l’AFP.
Les autorités avaient prévu d’enterrer les migrants dans cette ville mais après des polémiques sur l’inhumation dans des cimetières municipaux musulmans de personnes dont la religion n’est pas identifiée, la plupart des corps ont été renvoyés à Zarzis. Dix-huit migrants ont été enterrés à Zarzis dans un cimetière de fortune sur un terrain vague qui accueille depuis plusieurs années les dépouilles d’inconnus morts en mer, a indiqué à l’AFP Faouzi Khenissi.
Une quarantaine d’autres reposent dans un nouveau cimetière d’inconnus en cours de construction en périphérie de Zarzis, près d’un foyer d’hébergement pour les migrants rescapés, a constaté l’AFP. L’arrivée de dépouilles en décomposition sur les plages tunisiennes en pleine saison touristique a donné lieu à un reportage controversé sur les « vacances gâchées » de touristes belges.
Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) de Belgique a annoncé mardi l’ouverture d’une enquête sur ce reportage considéré par de nombreux téléspectateurs comme portant atteinte à la dignité des migrants.
LQ/AFP