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Tunisie : deux chefs de la police limogés après l’attentat


Deux chefs de la police à Tunis ont été limogés lundi pour des « lacunes » dans la protection du quartier du musée du Bardo, à la veille de sa réouverture et d’un grand forum altermondialiste six jours après l’attentat contre des touristes.

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Le président Béji Caïd Essebsi a promis que l’enquête sur les défaillances sécuritaires, mises en évidence lors de l’attaque du musée, irait « très loin ». (Photos AFP)

Le chef du gouvernement Habib Essid « a effectué une visite et a constaté plusieurs lacunes. Il a ainsi décidé de limoger un certain nombre de responsables dont les chefs de la police de Tunis et du Bardo », a indiqué Mofdi Mssedi, le chargé de la communication du Premier ministre. Ce dernier a effectué cette visite dans la nuit et a limogé au cours de ce déplacement les responsables policiers, dont les noms n’ont pas été précisés. Il a immédiatement nommé leurs successeurs.

Habib Essid, qui a lui-même été ministre de l’Intérieur en 2011 après la révolution, avait déjà admis que l’attaque contre le musée, qui a coûté la vie à 20 touristes étrangers et un policier, avait révélé des défaillances sécuritaires graves. « Nous sommes en train d’évaluer la situation et prendre les mesures nécessaires pour que ce ministère de l’Intérieur fasse son travail », a-t-il déclaré dans un entretien publié lundi par le journal français Le Figaro et la radio RFI.

« Il y a une enquête (sur les « dysfonctionnements ») qui va aller très loin », avait proclamé la veille le président Béji Caïd Essebsi. Les deux tireurs, armés de kalachnikovs, ont attaqué le site qui ne semblait pas bénéficier d’une protection particulière, bien qu’il soit situé dans la même enceinte que le Parlement.

Principal musée du pays, le Bardo rouvrira mardi à 13h30 GMT à l’occasion d’une cérémonie marquée par un concert de l’Orchestre symphonique de Tunis, selon le ministère de la Culture. Le conservateur du musée, Moncef Ben Moussa, a parlé d’un acte « symbolique »: « C’est un défi mais c’est aussi un message (…). Nous voulons dire qu’ils (les assaillants) n’ont pas atteint leur objectif ».

Des internautes ont également lancé un appel à manifester devant le musée à cette occasion. Un défilé jusqu’au Bardo est en outre prévu à l’occasion de l’ouverture mardi du Forum social mondial (FSM), grande messe altermondialiste à laquelle participeront des milliers d’étrangers jusqu’à samedi.

> « Nouveau monde »

Ce forum constituera « une réponse de la société civile. (…) Nous devons inventer un nouveau monde et lutter contre ces monstres », a déclaré lundi Gustavo Massiah, membre fondateur du FSM. Les autorités ont « pris les mesures nécessaires » pour garantir la sécurité de cette manifestation, a précisé le coordinateur du comité d’organisation, Aberrahmen Hedhili.

Sur l’enquête, les autorités n’ont donné aucune nouvelle indication, au lendemain de l’évocation par le président de la piste d’un troisième suspect, outre les deux jeunes tués par la police. Le chef du gouvernement a par ailleurs reconnu que les autorités avaient « négligé » pendant « un certain temps » la menace que représentent les jeunes partant se former aux armes ou combattre en Syrie et en Irak, mais aussi en Libye voisine comme les deux assaillants du Bardo.

« Ils reviennent aguerris et mieux formés et sont capables d’opérations comme celle de mercredi. C’est un problème sérieux », a-t-il remarqué. Quelque 3 000 Tunisiens sont partis en Syrie et en Irak. Des centaines se trouvent en Libye dans les rangs de groupe jihadistes comme EI, selon lui. Environ 500 seraient revenus en Tunisie.

Le parti islamiste Ennahda, membre de la coalition gouvernementale, a appelé le « gouvernement à présenter une loi antiterroriste et une autre, pour la protection de la police, à l’Assemblée des représentants du peuple ». Ces textes sont attendus depuis des mois. L’attaque du Bardo, qui fait planer une menace sur le tourisme, secteur vital de l’économie, est la première à toucher des étrangers en Tunisie depuis l’attentat contre la synagogue de la Ghriba à Djerba en 2002. C’est aussi la première revendiquée par l’EI.

AFP

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