Donald Trump s’est à nouveau déchaîné contre les médias avant de repartir en campagne samedi avec un meeting en Floride pour renouer avec sa base et tenter de dissiper un premier mois chaotique à la Maison Blanche.
Peu après avoir atterri en Floride, où il passe un troisième week-end de suite dans sa luxueuse résidence de Mar-a-Lago, le président américain s’est saisi de sa plateforme de communication préférée pour un message visant l’une de ses cibles favorites : les médias. Il n’est pas rare pour les présidents américains de critiquer les médias, mais la virulence des attaques répétées de Donald Trump est sans précédent.
Ben Rhodes, proche conseiller de l’ancien président Barack Obama, a estimé que ces critiques contre les médias constituaient «un cadeau à tous les autoritaires» et qu’elles allaient «discréditer toute tentative américaine de soutenir la liberté de la presse dans le monde». Le président américain doit participer à un rassemblement populaire à Orlando (Floride), une forme d’expression qu’il apprécie tout particulièrement, après avoir «célébré» vendredi dans une usine Boeing les emplois américains – un thème qui l’a fait élire.
«Nous sommes ici aujourd’hui pour célébrer l’ingénierie américaine et la fabrication américaine. Et aussi (…) pour célébrer les emplois», a lancé tout sourire le président américain devant une foule enthousiaste, scandant «USA, USA» dans un immense hangar du constructeur aéronautique à Charleston, en Caroline du Sud (sud-est). «Que Dieu bénisse l’Amérique et que Dieu bénisse Boeing», a-t-il conclu, martelant les mêmes thèmes que lors de sa campagne: sanctions contre les entreprises qui délocaliseraient des emplois à l’étranger et promesse de baisses d’impôts.
Boeing emploie en Caroline du Sud 7 500 personnes et génère indirectement pour la région quelque 100 000 autres. «C’est notre mantra, acheter américain et embaucher américain», a lancé le président sous les applaudissements. «Nous voulons des produits fabriqués en Amérique, fabriqués par des mains américaines».
Donald Trump a multiplié depuis son arrivée à la Maison Blanche les annonces sur les emplois aux côtés des PDG. Le groupe américain de conseil et de services informatiques Accenture a ainsi dit vendredi vouloir créer «15.000 nouveaux emplois hautement qualifiés» aux États-Unis d’ici la fin 2020. Des promesses qui galvanisent chaque jour la Bourse américaine.
Faire oublier ses déboires
L’enthousiasme de son discours à Charleston contrastait avec sa colère et le ton accusateur adopté la veille lors d’une conférence de presse très atypique à la Maison Blanche pour y défendre son début de mandat.
Des débuts à la Maison Blanche particulièrement agités: des millions de personnes dans les rues au lendemain de son investiture, le blocage par la justice de son emblématique décret limitant l’immigration, et des révélations sur des contacts entre des proches et de hauts responsables russes, qui ont forcé à la démission son conseiller à la sécurité nationale, Michael Flynn.
Dernière déconvenue en date, Donald Trump n’a pas obtenu le remplaçant qu’il voulait à ce poste stratégique. Sollicité, l’ex vice-amiral Robert Harward n’a pas donné suite. M. Harward n’aurait pas eu de garanties suffisantes lui assurant que le Conseil à la sécurité nationale, et non les conseillers politiques de Donald Trump, définirait sa politique, selon plusieurs médias américains.
Tentant de faire oublier ces déboires, Donald Trump a laissé entendre sur Twitter vendredi qu’il pourrait nommer le général Keith Kellogg, qui assure actuellement l’intérim à ce poste, et a évoqué trois autres candidats. Lors de sa conférence de presse jeudi, il a démenti avec force toute collusion avec la Russie de Vladimir Poutine, avec qui il veut se rapprocher, et s’en est pris tour à tour à la presse, à la justice ou aux démocrates accusés de saper ses efforts, voire de «fabriquer» l’affaire russe.
La nouvelle administration fonctionne «comme une machine bien réglée», avait assuré le président républicain, contre toute évidence. Après deux revers judiciaires sur son décret migratoire, M. Trump a aussi annoncé qu’il ne ferait pas appel mais publierait la semaine prochaine un nouveau texte. Sur le plan diplomatique, Donald Trump a dépêché cette semaine en Europe ses ministres des Affaires étrangères Rex Tillerson et de la Défense James Mattis.
Et le vice-président américain Mike Pence a martelé samedi que l’engagement des États-Unis au sein de l’Otan était «inébranlable», un discours destiné à rassurer des alliés inquiets après des propos de Donald Trump suscitant des interrogations sur son engagement à l’égard de l’alliance atlantique.
Le Quotidien/AFP