Le président américain Donald Trump s’apprête à signer mercredi des décrets limitant l’immigration et à prendre de premières mesures pour bâtir un mur entre les États-Unis et le Mexique, s’attaquant à l’un de ses grands thèmes de campagne.
Cinq jours seulement après sa prise de fonction, le président américain doit se rendre dans l’après-midi au ministère de la Sécurité intérieure, a indiqué la Maison Blanche, et mettre en œuvre une série de mesures de restriction de l’immigration. « Grand jour prévu demain sur la SECURITE NATIONALE. Parmi beaucoup d’autres choses, nous allons construire le mur ! », a tweeté Donald Trump mardi soir sur cette question hautement polémique qui a été l’un de ses grands sujets de sa campagne électorale.
Big day planned on NATIONAL SECURITY tomorrow. Among many other things, we will build the wall!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 25 janvier 2017
Il s’était engagé à expulser les clandestins délinquants des États-Unis et à ériger un mur à la frontière de 3 200 km poreuse entre les États-Unis et le Mexique, menaçant de le faire financer en ponctionnant les 25 milliards de dollars que les migrants mexicains envoient chaque année à leur famille. Des experts ont émis de sérieux doutes sur l’efficacité, le coût exorbitant et les risques d’avalanches de procédures légales d’une telle mesure, véritable cheval de bataille de la droite et l’extrême droite, socle électoral de Donald Trump. Même le ministre de la Sécurité intérieure, l’ancien général John Kelly, a indiqué, lors de sa récente audition en vue de son investiture, que le mur frontalier « pourrait ne pas être construit de sitôt ».
Le Mexique a pour sa part dessiné les lignes rouges à ne pas franchir lors de ses discussions avec l’administration Trump qui débutent ce mercredi à Washington et ne s’annoncent pas sous les meilleurs auspices. Mexico a en effet menacé de quitter la table des négociations et de rompre l’accord de libre-échange Aléna (USA, Canada et Mexique) que Donald Trump souhaite renégocier. « Il y a des lignes rouges très claires qui doivent être dessinées dès le début », a averti mardi le ministre mexicain de l’Économie Ildefonso Guajardo, avant une rencontre avec les responsables américains, mercredi et jeudi, au côté du ministre mexicain des Affaires Étrangères, Luis Videgaray.
Les musulmans aussi visés
Donald Trump veut aussi interdire l’entrée des musulmans aux États-Unis, et notamment de Syriens. Jeudi, il devrait signer des décrets sur l’immigration et les villes « sanctuaires », qui se sont engagées à refuser d’emprisonner les clandestins lorsque leur détention aura pour but de les expulser. Ces décrets devraient limiter l’immigration et l’accès aux États-Unis pour les réfugiés et les détenteurs de visas en provenance d’Irak, d’Iran, de Libye, de Somalie, du Soudan, de Syrie et du Yémen, selon le Washington Post. Les ressortissants de ces pays sont déjà confrontés à une série d’obstacles pour obtenir un visa américain, souligne le quotidien.
Le président a également promis de supprimer le programme « DACA », mis en place par son prédécesseur Barack Obama en 2012 et qui a permis à plus de 750 000 clandestins arrivés mineurs sur le territoire d’obtenir des permis de séjour et de travail. Après l’annonce du retrait de l’accord de libre-échange Asie-Pacifique (TPP), Donald Trump continue à détricoter méthodiquement le bilan de son prédécesseur démocrate Barack Obama, comme il avait promis de le faire pendant sa campagne.
Il a redonné vie mardi au projet du gigantesque oléoduc Keystone XL reliant le Canada aux États-Unis, dont la construction avait été bloquée par Obama au nom de la lutte contre le changement climatique. Long de 1 900 kilomètres, dont 1 400 aux États-Unis, le projet Keystone XL vise à transporter le pétrole canadien des sables bitumineux de l’Alberta (ouest) jusqu’au Nebraska (centre) d’où il pourrait rejoindre les raffineries américaines du golfe du Mexique.
Le Quotidien/AFP