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Trump met fin au programme d’Obama protégeant les jeunes sans-papiers


Quelque 800 000 personnes bénéficient de ce statut, connues sous le nom de "Dreamers". (photo AFP)

Le président américain Donald Trump a décidé mardi de mettre fin au programme mis en place par son prédécesseur Barack Obama, qui mettait des centaines de milliers de jeunes sans-papiers à l’abri d’une expulsion et leur permettant d’étudier et de travailler aux États-Unis.

Donald Trump, qui s’était engagé à aborder ce dossier sensible « avec cœur », ne s’est pas personnellement exprimé sur cette décision qui devrait provoquer une tempête politique à Washington, laissant son ministre de la Justice Jeff Sessions monter en première ligne. A compter de ce jour, aucune nouvelle demande ne sera examinée.

Le sort de quelque 800 000 personnes qui bénéficient déjà de ce statut, connues sous le nom de « Dreamers », ne sera pas affecté jusqu’au 5 mars 2018, délai de six mois accordé par l’administration pour que le Congrès légifère sur ce thème. Un compromis au Congrès sur un sujet qui divise Washington depuis des années apparent cependant loin d’être acquis. Et de nombreuses questions restent sans réponse pour ces milliers de jeunes le plus souvent complètement intégrés à la société américaine : que se passera-t-il si aucune solution n’est trouvée à l’issue du délai fixé par la présidence ?

« Nous ne pouvons accepter tous ceux qui voudraient venir ici, c’est aussi simple que cela », a déclaré Jeff Sessions lors d’une déclaration à l’issue de laquelle il n’a pas souhaité répondre aux questions des journalistes. « Ce n’est pas faire preuve de compassion que de ne pas appliquer les lois sur l’immigration », a-t-il martelé. « Appliquer la loi permet de sauver des vies et de protéger les communautés et les contribuables », a-t-il ajouté, dénonçant la décision prise de manière « unilatérale » par Barack Obama.

En 2012, ce dernier avait mis en place, par décret, le programme Daca (Deferred Action for Childhood Arrivals) afin de faire sortir de l’ombre les enfants arrivés illégalement aux États-Unis avec leurs parents, pour la plupart en provenance d’Amérique latine. Dans le camp républicain, nombre de voix ont mis en garde depuis plusieurs jours contre la tentation d’effacer d’un trait de plume ce programme emblématique et de mettre à la merci d’une expulsion ces jeunes « rêveurs », dont le surnom fait référence au Dream Act, projet de loi de réforme de l’immigration n’ayant jamais abouti au Congrès.

La Silicon Valley vent debout

Le sénateur républicain James Landford résumait le malaise d’une phrase : « En tant qu’Américains, nous ne tenons pas les enfants légalement responsables des actes de leurs parents ». Fait notable, Donald Trump, dont les diatribes enflammées sur l’immigration ont été au cœur de son message de campagne, avait, depuis son arrivée à la Maison Blanche, ouvertement exprimé ses hésitations sur le sort de ces jeunes. « Pour moi, c’est l’un des sujets les plus difficiles qui soit », soulignait-il il y a quelques mois. « Nous adorons les Dreamers », affirmait-il vendredi dans le Bureau ovale.

Une grande partie du monde des affaires, en particulier dans la Silicon Valley, était vent debout contre une remise en cause de ce décret qui offre aux jeunes – arrivés sur le territoire américain avant 16 ans et n’ayant pas d’antécédents judiciaires –  l’équivalent d’un permis de séjour d’une validité de deux ans, renouvelable. Mark Zuckerberg, le fondateur de Facebook, a changé son profil avec une photo accompagnée d’un message simple : « Je soutiens Daca ».

« 250 de mes collègues d’Apple sont des Dreamers. Je suis avec eux. Ils méritent notre respect et une solution digne des valeurs américaines », a tweeté dimanche Tim Cook, PDG d’Apple. Cette décision du 45e président des États-Unis pourrait pousser son prédécesseur démocrate à donner de la voix. Lors de sa dernière conférence de presse avant son départ de la Maison Blanche, le 18 janvier, Barack Obama avait affiché sa volonté de rester en retrait mais il avait aussi énuméré les conditions qui pourraient le pousser à sortir de son silence si les « valeurs fondamentales » de l’Amérique étaient menacées.

Le Quotidien/AFP