Des documents top secret saisis dans la résidence de Floride de l’ancien président américain Donald Trump ont été « probablement cachés » pour entraver l’enquête de la police fédérale le visant, avance un document du ministère de la Justice publié dans la nuit de mardi à mercredi.
Cet acte de procédure explique de la manière la plus détaillée à ce jour les motifs ayant conduit la police fédérale américaine (FBI) à perquisitionner de façon spectaculaire le 8 août la résidence de l’ex-président républicain pour y récupérer des documents extrêmement confidentiels qu’il n’avait pas rendus après avoir quitté la Maison Blanche, malgré de multiples demandes.
Mercredi soir, Donald Trump a répondu en épinglant une procédure « injustifiée », étant donnée la « nature même des archives présidentielles ». L’enquête cherche notamment à déterminer si Donald Trump ou ses proches ont eu une conduite pénalement répréhensible en cherchant à empêcher le FBI de récupérer ces documents, détaille le ministère de la Justice.
Avant l’opération, le FBI a découvert de « multiples sources de preuves » montrant que des « documents classifiés » se trouvaient toujours dans la vaste résidence de M. Trump de Mar-a-Lago en Floride, indique-t-il. La police « a également eu des preuves que des documents gouvernementaux ont été probablement cachés et emportés… et que des actes ont été probablement réalisés pour faire obstruction à son enquête », poursuit le document judiciaire.
Le ministère de la Justice décrit notamment comment des agents du FBI se sont rendus une première fois à Mar-a-Lago en juin pour récupérer plusieurs dossiers, un membre de l’équipe de Trump leur fournissant « une attestation sous serment » qu’il s’agissait des derniers à se trouver dans la résidence.
Mais lors de la perquisition d’août, la police fédérale a trouvé une trentaine de boîtes avec des documents si sensibles, allant « du confidentiel au top secret », que le FBI et les avocats du ministère de la Justice ont dû demander des « autorisations supplémentaires » avant de pouvoir les consulter, est-il précisé.
Jetés au sol
A la dernière page du compte-rendu, une photo frappante montre des documents saisis par la police fédérale, estampillés de la mention « Top Secret », éparpillés sur une moquette au motif floral.
« C’est horrible la façon dont le FBI, pendant le raid à Mar-a-Lago, a jeté des documents n’importe comment sur le sol (peut-être pour faire croire que c’était moi qui l’avais fait!) », a répliqué mercredi Donald Trump sur sa plateforme Truth Social, assurant les avoir déclassifiés au préalable.
Dans un document judiciaire rendu public mercredi soir, ses avocats ont également critiqué une perquisition « sans précédent, non nécessaire et sans fondement juridique » dans le cadre d’une « recherche injustifiée visant à criminaliser la possession en lieu sûr, par un ancien président, d’archives présidentielles et personnelles. »
Pour ses avocats, les enquêteurs n’auraient pas dû être étonnés de découvrir des documents classifiés au sein d’archives issues de la Maison Blanche. Le républicain, qui flirte avec l’idée d’une candidature à l’élection présidentielle de 2024, dénonce depuis des mois une « chasse aux sorcières » politique.
Le ministère de la Justice indique de son côté avoir expliqué le processus ayant conduit à la perquisition afin de « corriger le récit incomplet et inexact présenté dans les déclarations » de M. Trump.
« Sécurité nationale »
La déclaration du ministère répond à la demande formulée la semaine dernière par l’ancien président de faire examiner par un expert indépendant les documents saisis chez lui par le FBI. Une audience doit avoir lieu jeudi à ce sujet, et le document judiciaire rendu public mercredi soir par le camp Trump est une nouvelle réponse aux déclarations du ministère de la Justice.
Si la demande de M. Trump concernant un expert indépendant était satisfaite, elle pourrait bloquer l’accès des enquêteurs à des documents, estime le ministère de la Justice, qui ajoute que cela « porterait gravement atteinte aux intérêts de l’Etat, y compris en matière de sécurité nationale ».
L’enquête et la perquisition à Mar-a-Lago ont été déclenchées par la remise en janvier aux archives nationales de 15 boîtes de documents emportées par Donald Trump à son départ du Bureau ovale.
Certains de ces documents comportaient un signe désignant les informations fournies par des « sources humaines » du renseignement américain, informateurs et autres agents sous couverture. L’examen de ces cartons ont convaincu le FBI que d’autres devaient encore être conservés par l’ancien président.
Le milliardaire est aussi visé par des enquêtes sur ses efforts pour renverser les résultats de l’élection présidentielle de 2020 et sur son rôle dans l’assaut de ses partisans contre le Capitole le 6 janvier 2021. Il n’est pour l’instant poursuivi dans aucune affaire.