Donald Trump a annoncé vendredi qu’il annulait la visite destinée à inaugurer la nouvelle ambassade des États-Unis, où il risquait d’être accueilli par des manifestations hostiles.
« La raison pour laquelle j’annule mon voyage à Londres est que je ne suis pas un grand fan de l’administration Obama qui a vendu l’ambassade la mieux située et la plus agréable à Londres pour des ‘cacahuètes’, afin d’en construire une autre bien plus éloignée pour 1,2 milliard de dollars », a écrit le président dans un tweet nocturne.
Reason I canceled my trip to London is that I am not a big fan of the Obama Administration having sold perhaps the best located and finest embassy in London for “peanuts,” only to build a new one in an off location for 1.2 billion dollars. Bad deal. Wanted me to cut ribbon-NO!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 12 janvier 2018
Les États-Unis avaient en fait annoncé leur intention de déménager leur ambassade, du quartier chic et central de Mayfair sur un nouveau site dans le sud-ouest de Londres, en octobre 2008 lorsque George W. Bush était à la Maison Blanche et non sous la présidence Obama. Les médias britanniques spéculaient depuis des semaines sur la date d’une visite de Donald Trump pour inaugurer le bâtiment flambant neuf en forme de cube et situé au bord de la Tamise. Il ouvrira au public le 16 janvier mais son inauguration officielle n’était pas prévu avant fin février.
Le mois dernier, l’ambassadeur Woody Johnson s’était dit impatient d’accueillir son président. Selon lui, la nouvelle ambassade est « un signal lancé au monde que la relation spéciale que nous avons (entre le Royaume-Uni et les États-Unis) est plus forte et va grandir et se renforcer ». Mais la venue de Donald Trump était susceptible de provoquer une série de manifestations dans la capitale britannique, dans un contexte de tensions entre les deux alliés historiques.
« Ses opinions racistes et misogynes » pas les bienvenues
« Il semble que le président Trump ait compris le message envoyé par de nombreux Londoniens qui aiment et admirent l’Amérique et les Américains mais trouvent que ses politiques et ses actions sont à l’opposé total des valeurs d’inclusion, de diversité et de tolérance de notre ville », a commenté le maire travailliste de Londres, Sadiq Khan, dans un communiqué. « Sa visite le mois prochain aurait sans aucun doute suscité des manifestations pacifiques de masse », a ajouté l’édile, qui s’était écharpé avec le président américain sur Twitter, ce dernier l’accusant de prendre le terrorisme à la légère.
« Beaucoup d’entre nous, Londoniens, sommes ravis que Trump n’amène pas ses opinions racistes et misogynes néfastes ici en inaugurant la nouvelle ambassade américaine », a renchéri sur Twitter un député travailliste, Steve Reed.
Plenty of us Londoners delighted that Trump won’t be bringing his toxic racist and misogynistic views here to open the new US embassy
— Steve Reed (@SteveReedMP) 12 janvier 2018
Visite d’État toujours d’actualité
Une source gouvernementale a indiqué qu’aucune date n’avait été fixée pour cette inauguration, et que le projet de visite d’État du président américain était toujours d’actualité. Une visite d’État, qui implique de nombreux honneurs, dont celui d’être reçu par la reine Elizabeth II à Buckingham Palace, avait été proposée dans la foulée d’un voyage de Theresa May aux États-Unis, il y a un an. Mais cette annonce avait aussitôt été critiquée et jugée prématurée et près de 1,9 million de personnes ont signé une pétition réclamant de la rétrograder en simple visite officielle.
Selon le tabloïd Daily Mail, qui consacrait sa Une à la visite annulée, Donald Trump devait rencontrer Theresa May au 10 Downing street le 26 ou 27 février mais ne devait pas rencontrer la reine « ce qui pourrait l’avoir découragé » de venir. La relation « spéciale » entre Washington et Londres a été ternie par plusieurs épisodes de tension, le dernier en date en novembre, lorsque Donald Trump avait retweeté des vidéos anti-musulmans mises en ligne par la vice-présidente du groupe d’extrême-droite Britain First. Theresa May avait déclaré que Donald Trump avait eu « tort » et le président américain avait répliqué en conseillant à la Première ministre britannique de se concentrer sur le « terrorisme radical destructeur » dans son pays.
Le Quotidien/AFP