Des explosions ayant fait un mort et des blessés se sont produites mardi dans un dépôt de munitions sur un aérodrome militaire de la péninsule ukrainienne de Crimée annexée par la Russie, qui a arrêté ses livraisons de pétrole via l’Ukraine.
« Plusieurs munitions destinées à l’aviation ont explosé dans un dépôt situé sur le territoire de l’aérodrome militaire de Saki, près de la localité de Novofiodorovka », a déclaré dans un communiqué l’armée russe.
Celle-ci a affirmé qu’aucun tir ni bombardement n’avait été à l’origine de ces déflagrations, d’abord signalées par les autorités de cette presqu’île unilatéralement rattachée à la Russie en 2014 et en première ligne dans l’offensive russe contre l’Ukraine déclenchée le 24 février.
Des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux montraient une boule de feu se former après une forte déflagration, tandis que d’épaisses volutes de fumée noire s’élevaient dans le ciel et que des vacanciers quittaient dans la panique la plage située à proximité.
Le dirigeant de la Crimée, Sergueï Aksionov, a fait état d’une personne tuée dans ces explosions et son ministre de la Santé, Konstantin Skoroupski, de cinq blessés, parmi lesquels un enfant.
« Les touristes ne sont pas en danger. Nous vous demandons de garder votre calme », a dit un député russe élu dans cette péninsule, Alexeï Tcherniak. Car, malgré le conflit, la Crimée est restée un important lieu de villégiature pour de nombreux Russes qui continuent de profiter de l’été sur ses rivages.
Pétrole russe
Dans le même temps, les livraisons de pétrole russe par le territoire ukrainien à destination de la Hongrie, de la Slovaquie et de la République tchèque, des États membres de l’Union européenne dépourvus d’accès à la mer, ont été interrompues le 4 août, a annoncé mardi l’entreprise russe responsable du transport des hydrocarbures.
Transneft a expliqué que le paiement portant sur le droit de transit par l’Ukraine pour le mois d’août, effectué le 22 juillet, avait été refusé le 28 juillet à cause de l’entrée en vigueur de certaines sanctions contre la Russie.
Il s’agit des approvisionnements via une branche de l’oléoduc Droujba traversant l’Ukraine et qui dessert les trois pays concernés. Les livraisons à la Pologne et à l’Allemagne, à travers le Bélarus, « se poursuivent » en revanche « normalement », a assuré Transneft.
L’UE s’efforce depuis le début du conflit en Ukraine de réduire sa dépendance énergétique à l’égard de la Russie, qu’elle accuse d’utiliser ses livraisons d’hydrocarbures comme une « arme de guerre », et a opté en juin pour un embargo progressif sur le pétrole russe.
Est en particulier prévu un arrêt des importations de brut par bateau dans les six mois, cependant que les Russes ont fortement diminué leurs envois de gaz à l’Europe ces dernières semaines.
L’approvisionnement par l’oléoduc Droujba a en revanche été autorisé à se prolonger « provisoirement », sans date limite. Une concession obtenue par le Premier ministre hongrois Viktor Orban, qui cultive ses relations avec Vladimir Poutine et dont le pays dépend pour 65% de sa consommation de ce pétrole russe bon marché.
Évacuations massives
Parallèlement, les rotations régulières par la mer Noire pour ravitailler les marchés agricoles mondiaux entamées la semaine dernière, en vertu d’un accord signé le 22 juillet par les belligérants, se sont poursuivies avec le départ mardi du port ukrainien de Tchornomorsk de deux navires chargés de 70.000 tonnes de céréales.
Dans la région orientale ukrainienne en proie aux combats de Donetsk, plus de 3.000 civils, dont 600 enfants, ont de leur côté été évacués depuis que les autorités ont rendu fin juillet ces évacuations obligatoires, a annoncé Kiev.
Il n’y reste plus maintenant qu' »une population de 350.000 personnes, dont 50.000 enfants », environ 1,3 million étant au total parties à la suite du déclenchement de la guerre.
La Russie a par ailleurs lancé mardi, du Kazakhstan, un satellite iranien d’observation qui, selon la presse américaine, pourrait être utilisé par Moscou pour soutenir son offensive en Ukraine, ce que réfute Téhéran.