De plus en plus de poids-lourds circulent en Europe avec des « mouchards » trafiqués, une pratique particulièrement dangereuse car elle désactive plusieurs systèmes de sécurité des véhicules.
La situation a alarmé mardi la police autrichienne et le syndicat des transports Vida. La fraude, qui consiste à désactiver le chronotachygraphe, concerne de 10 à 15% des camions circulant en Autriche, un des principaux pays de transit en Europe centrale, et jusqu’à 40% à l’échelle du continent, selon ces sources.
Véritable « jeu avec la mort »
Utilisée en premier lieu pour dépasser les temps légaux de conduite imposés aux routiers, cette manipulation a pour effet de « désactiver tous les systèmes d’assistance », a souligné Vida, dénonçant « un jeu avec la mort ». « L’aiguille du compteur reste à zéro. Le conducteur ne sait même pas à quelle vitesse il roule », relève Karl Delfs, expert du syndicat.
Plus grave encore : des systèmes tel que l’anti-blocage (ABS), le freinage à régulation électronique (EBS) et le freinage automatique d’urgence (AEBS) se trouvent aussi neutralisés, rendant un camion incontrôlable même à basse vitesse en cas de freinage brutal.
Rendu obligatoire en 2006 pour les poids-lourds circulant dans l’Union européenne, le chronotachygraphe numérique, qui a succédé au « mouchard » mécanique à disques, est « extrêmement facile à manipuler, un simple aimant suffisant », selon Horst Meixner, de la police autrichienne.
Les accidents impliquant des poids-lourds ont augmenté de plus de 11% entre 2015 et 2016 en Autriche, causant 74 morts et près de 1 700 blessés l’an passé.
Le Quotidien/AFP