La Chine a accusé mardi les États-Unis de se livrer à une « intimidation pure et simple » après que Donald Trump a ordonné la vente d’ici à mi-septembre du très populaire réseau social TikTok, propriété du chinois ByteDance.
TikTok fermera aux États-Unis le 15 septembre « à moins que Microsoft ou une autre entreprise soit en mesure de l’acheter et de trouver un accord », a annoncé lundi le président américain à propos de l’application qui compte environ un milliard d’utilisateurs dans le monde, principalement des adolescents.
Interrogé, un porte-parole de la diplomatie chinoise, Wang Wenbin, a accusé les États-Unis de s’en prendre régulièrement à des entreprises étrangères en abusant de la notion de sécurité nationale. « Cela va à l’encontre des principes de l’économie de marché et des principes d’ouverture, de transparence et de non-discrimination de l’OMC », a-t-il lancé devant la presse. « C’est de l’intimidation pure et simple. La Chine y est fermement opposée ». Sans aller jusqu’à annoncer des mesures de rétorsion, Wang Wenbin a estimé que Washington était en train d’ouvrir « la boîte de Pandore » avec ses mesures visant les entreprises étrangères. « Si tout le monde imite les États-Unis, n’importe quel pays pourra prendre des mesures similaires à l’encontre d’entreprises américaines au nom de la sécurité nationale », a-t-il averti.
Dans un contexte de tensions politiques et commerciales avec la Chine, Washington accuse depuis des mois l’interface de pouvoir être utilisée par le renseignement chinois à des fins de surveillance. TikTok a toujours fermement nié tout partage de données avec Pékin. « Toute l’agence s’accorde sur le fait que TikTok ne peut pas rester dans le format actuel parce qu’elle risque d’envoyer des informations sur 100 millions d’Américains », avait prévenu dimanche le secrétaire au Trésor américain Steven Mnuchin. Avec les leaders démocrates, « nous sommes d’accord sur le fait qu’il faut du changement. Forcer une vente ou bloquer l’appli. Tout le monde est d’accord qu’elle ne peut pas exister telle quelle », avait-il encore soutenu.
Microsoft sur le coup
Après avoir soufflé le chaud et le froid, Donald Trump s’est finalement déclaré favorable à un rachat rapide par Microsoft de TikTok, propriété du Chinois ByteDance, tout en exigeant qu’une partie de la transaction soit versée dans « les caisses de l’État ». Le président américain avait annoncé vendredi qu’il la bannissait totalement des États-Unis, avant de se raviser lundi.
« Les États-Unis devront recevoir un pourcentage conséquent du prix », a-t-il insisté, parce que « nous rendons ce succès possible ». « C’est comme pour un propriétaire et un locataire : c’est le bail qui donne la valeur. Nous sommes le bail, en quelque sorte », a-t-il développé.
Le principe d’une compensation financière pour le Trésor lors d’une acquisition est inhabituel, et généralement réservé aux crises. Récemment, les grandes compagnies aériennes américaines ont accepté d’accorder des contreparties au contribuable en échange des aides de l’État pour faire face à la pandémie de coronavirus. Le message semble avoir été reçu cinq sur cinq par Microsoft.
LQ/AFP