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Syrie : Paris et Washington réclament l’arrêt des bombardements


Le secrétaire d'Etat américain John Kerry à Londres le 4 février 2016. (Photo : AFP)

Paris et Washington ont réclamé jeudi l’arrêt des bombardements russes en Syrie en accusant Moscou de «torpiller» les négociations de paix, au moment où les pays donateurs tâchaient à Londres de lever des milliards de dollars pour les victimes du conflit.

«L’offensive brutale lancée par le régime de Bachar avec le soutien de la Russie torpille les négociations», a lancé dans la capitale britannique le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius, alors que, sur le terrain, les forces du régime progressaient à Alep (nord).

«La France demande le respect du droit humanitaire international, la levée de tous les sièges qui affament les populations et l’arrêt des bombardements», a-t-il ajouté, soulignant que ce n’était pas «une concession» mais une «condition» à la reprise des négociations qui ont été suspendues mercredi à Genève.

Sur le même ton, le secrétaire d’Etat américain John Kerry a lui aussi demandé l’arrêt des raids russes. Au cours d’une discussion «musclée» avec son homologue russe Sergueï Lavrov, il a rappelé à la Russie qu’une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU appelait à un cessez-le-feu immédiat pour permettre l’acheminement de l’aide aux villes assiégées.

Moscou a annoncé de son côté que les deux hommes avaient déploré la suspension des négociations de paix, et exprimé l’espoir qu’elle serait «aussi courte que possible». Après six jours de discussions avec le régime d’une part, l’opposition de l’autre, l’émissaire de l’ONU Staffan de Mistura a annoncé mercredi à Genève une «pause» dans ce processus censé enclencher une solution politique au conflit.

Le diplomate onusien s’est refusé à parler «d’échec» et a déclaré avoir fixé la date du 25 février pour une reprise des discussions, mais celle-ci semble tout sauf certaine. La suspension de ces discussions «montre à quel point les divisions sont profondes», a regretté le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, à l’ouverture de la conférence des donateurs dans la capitale britannique.

«Les jours qui viennent doivent être utilisés pour revenir à la table des négociations, et non pour sécuriser davantage de gains sur le champ de bataille», a-t-il insisté.

«Journée d’espoir»

La réunion de Londres doit tenter de lever neuf milliards de dollars en faveur des 18 millions de Syriens victimes de la guerre, avec l’ambition d’endiguer la crise des réfugiés qui, du Moyen-Orient à l’Europe, pèse sur les pays d’accueil.

Mais les donateurs devront se montrer plus généreux que lors de la précédente conférence, en 2015, où seuls 3,3 milliards avaient été récoltés sur les 8,4 milliards réclamés. Soucieux de montrer l’exemple, le gouvernement britannique a promis 1,74 milliard de dollars d’ici 2020. «Nous avons besoin de plus d’argent pour répondre à cette crise et nous en avons besoin maintenant», a dit David Cameron.

La chancelière allemande Angela Merkel, co-organisatrice de la conférence, a promis elle de débloquer 2,3 milliards d’euros d’ici 2018. «Nous voulons faire en sorte que plus jamais on n’arrive à une situation où on réduit la nourriture donnée aux réfugiés», a souligné la chancelière. «Aujourd’hui est une journée d’espoir», a-t-elle déclaré.

«Quand on voit des personnes réduites à manger de l’herbe et des animaux sauvages pour survivre au jour le jour, cela ne peut que choquer toute personne civilisée. Et nous devons tous apporter une réponse à cela», a renchéri M. Kerry, annonçant 890 millions de dollars supplémentaires pour 2015-2016.

Percée du régime à Alep

En Syrie, le régime de Damas, appuyé par les frappes russes, effectuait une importante percée militaire dans la province d’Alep. L’armée syrienne est entrée jeudi dans deux localités chiites assiégées depuis trois ans par les rebelles et, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH) près de 40 000 civils ont fui l’offensive du régime.

«Certains ont trouvé refuge dans des maisons mais des milliers de personnes se trouvent sans abri dans les champs autour d’Afrine, dans la région d’Azaz frontalière de la Turquie et à Atareb et Dar Ezzat au nord-ouest d’Alep», a indiqué Rami Abdel Rahmane, directeur de l’OSDH.

Ces déplacés ne peuvent pas entrer en Turquie car le poste-frontière est actuellement fermé aux réfugiés. Selon l’OSDH, cette avancée est la plus importante du régime dans la province d’Alep depuis 2012. Elle a été rendue possible notamment par les bombardements intensifs menés par l’armée de l’air russe contre les positions rebelles.

AFP/M.R.