La décision prise par certains pays européens de cesser leurs ventes d’armes à la Turquie ne suffira pas à stopper son opération en Syrie, a déclaré dimanche le président turc Recep Tayyip Erdogan.
« Depuis que nous avons lancé notre opération, nous faisons face à des menaces de sanctions économiques ou d’embargos sur les armes. Ceux qui pensent pouvoir nous contraindre à reculer avec ces menaces se trompent », a dit M. Erdogan lors d’un discours à Istanbul. Samedi, la France et l’Allemagne avaient annoncé qu’elles stoppaient les ventes d’armes « susceptibles d’être utilisées » par Ankara dans le cadre de son offensive dans le nord-est de la Syrie contre la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG).
Merkel, « je lui ai dis de m’expliquer »
La Turquie considère les YPG comme un groupe « terroriste » qui menace sa sécurité, mais la milice kurde est soutenue par les pays occidentaux qui y voient un rempart contre le groupe Etat islamique (EI). M. Erdogan a indiqué qu’il avait abordé dimanche le sujet des ventes d’armes lors d’un entretien téléphonique avec la chancelière allemande Angela Merkel. « Je lui ai dit de m’expliquer. Sommes-nous bien des alliés au sein de l’Otan, ou alors le groupe terroriste a-t-il été accepté au sein de l’Otan sans que je sois au courant? », a déclaré M. Erdogan. « Etes-vous de notre côté ou du côté de l’organisation terroriste? », a-t-il ajouté.
Le président turc a par ailleurs rejeté les « offres de ceux qui proposent une médiation » entre la Turquie et les YPG. « Quand avez-vous vu un Etat s’asseoir à la table d’une organisation terroriste? », a lancé M. Erdogan.
« Zone de sécurité » profonde de « 30 à 35 km »
L’opération contre les YPG vise, selon Ankara, à mettre en place une « zone de sécurité » séparant la frontière turque des territoires contrôlés par la milice kurde et susceptible d’accueillir une partie des 3,6 millions de Syriens actuellement réfugiés en Turquie. M. Erdogan a déclaré que cette « zone de sécurité » serait profonde de « 30 à 35 km » et s’étirerait, à terme, du fleuve Euphrate à la frontière irakienne, soit une longueur de 480 km. Dans un premier temps, l’offensive turque se concentre sur le secteur compris entre les villes frontalières de Tal Abyad et Ras al-Aïn, distantes d’environ 120 km.
Dimanche, M. Erdogan a affirmé que l’armée turque et ses supplétifs syriens s’étaient emparés de Ras al-Aïn, une affirmation démentie la veille par les forces kurdes et une ONG, et qu’elles assiégeaient Tal Abyad. L’offensive turque a ouvert un nouveau front dans un conflit qui a fait en Syrie plus de 370.000 morts et des millions de réfugiés depuis 2011.
AFP