Les forces antijihadistes soutenues par Washington ont annoncé mardi la « reddition » de personnes venant du dernier réduit de l’État islamique (Daech) en Syrie, à la suite d’une nuit d’intenses bombardements.
Après une montée en puissance fulgurante en 2014 et la proclamation d’un « califat » sur de larges pans de territoire à cheval entre la Syrie et l’Irak, Daech est sur le point d’être rayé de la carte. Les Forces démocratiques syriennes (FDS), une alliance de combattants kurdes et arabes, sont engagées depuis décembre dans une offensive avec le soutien d’une coalition internationale antijihadiste emmenée par les États-Unis. Elles ont relancé dimanche leur assaut pour déloger de Baghouz les jihadistes, qui tiennent encore un petit bout de territoire dans ce village situé aux confins orientaux de la Syrie.
« Des gens sont en train de se rendre à l’heure actuelle », a déclaré mardi Ali Cheir, 27 ans, commandant d’une unité des FDS, sans préciser s’il s’agissait de civils ou jihadistes, ni le nombre de personnes concernées. Mardi matin, le calme régnait sur le front après deux nuits consécutives de bombardements incessants, qui ont tué des dizaines de combattants de l’EI selon les FDS, et provoqué des explosions. Les avions de la coalition sillonnaient le ciel sans toutefois mener des frappes.
Environ 400 personnes ont été évacuées lundi du réduit de Daech depuis le début de l’assaut donné dimanche, selon l’alliance arabo-kurde. Ces dernières semaines, les FDS ont suspendu à plusieurs reprises leurs opérations pour faciliter les évacuations de plusieurs milliers de civils, majoritairement des membres des familles de jihadistes, et des combattants qui se sont rendus.
La mue de l’EI déjà entamée
« L’objectif de notre progression est de terroriser les combattants de l’EI pour qu’ils se rendent, et pour que les civils sortent », a révélé Ali Cheir. Depuis une villa de Baghouz encore en construction et transformée en position des FDS, ses combattants écoutent vrombir les avions et crépiter les mitrailleuses lourdes. « L’opération militaire est en cours mais elle est généralement ralentie dans la journée », a affirmé un autre responsable. « Les FDS mènent souvent leurs opérations la nuit », dit-il.
Les combats au sol ont causé lundi la mort d’environ 40 jihadistes, contre trois combattants de l’alliance arabo-kurde, selon le porte-parole des FDS, Mustefa Bali. Les avions de la coalition ont aussi pilonné le dernier réduit de Daech avec 20 frappes aériennes, détruisant des véhicules blindés et des dépôts d’armes, selon Mustefa Bali. Ali Cheir a raconté avoir participé aux « violents » combats de lundi soir avec trois groupes d’hommes de son bataillon.
« La nuit, les avions de la coalition visent tout mouvement, et en conséquence, les capitulations ont lieu le matin. On interrompt nos tirs totalement pour qu’ils se rendent », a-t-il affirmé.
Si l’EI est sur le point de perdre son ultime ancrage territorial, le groupe a déjà entamé sa mue. Ses combattants sont disséminés dans le désert syrien et parviennent à mener des attentats meurtriers. Lundi soir, le groupe a appelé, par une vidéo diffusée sur ses réseaux de propagande, les jihadistes retranchés dans l’ultime poche de l’organisation à faire preuve de « persévérance », estimant que « la bataille n’est pas achevée ».
LQ/AFP