Le principal axe de ravitaillement du groupe Etat islamique (EI) entre la Syrie et la Turquie est coupé après l’encerclement total vendredi de la ville de Minbej par des forces soutenues par Washington.
Sur le plan humanitaire, d’intenses raids aériens du régime ont empêché la distribution des vivres contenues dans le tout premier convoi de nourriture à entrer depuis 2012 dans la ville assiégée de Daraya, près de Damas.
Dans la guerre complexe qui ravage la Syrie depuis plus de cinq ans, l’étau se resserre sur l’EI, organisation jihadiste responsable d’exactions en Syrie et en Irak voisin ainsi que d’attentats meurtriers à travers le monde.
Une coalition de combattants arabo-kurde, les Forces syriennes démocratiques (FDS), a coupé vendredi « la dernière route reliant Minbej à la frontière turque », a indiqué Rami Abdel Rahmane, directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).
« Les terroristes de l’EI sont maintenant complètement assiégés » à Minbej, a tweeté de son côté le représentant des Etats-Unis auprès de la coalition antijihadistes, Brett McGurk.
Passée sous la coupe des jihadistes en 2014, Minbej était un carrefour clé sur le principal axe permettant à l’EI de faire transiter hommes, armes et argent entre la Turquie et son fief syrien de Raqa (nord).
L’EI contrôle encore une bande frontalière et des routes secondaires vers la Turquie mais celles-ci sont dangereuses et difficiles d’accès, selon M. Abdel Rahmane.
Plus de 200 morts
Depuis le début de leur offensive le 31 mai, les FDS, appuyées par les frappes de la coalition dirigée par les Etats-Unis, ont coupé les routes reliant Minbej aux zones contrôlées par l’EI en Syrie: celle vers Jarablos, au nord, celle vers Raqa, au sud-est, celle vers Al-Bab, au sud-ouest, et finalement vendredi celle menant au point de passage frontalier al-Raï, au nord-ouest.
« Pour que les jihadistes parviennent à la frontière turque depuis Raqa, ils doivent passer désormais par une route plus dangereuse pour eux en raison de la proximité des troupes du régime syrien et des bombardements russes », explique M. Abdel Rahmane.
Les FDS ont pris 79 villages et hameaux dans les environs de Minbej, lors de combats qui ont fait au moins 218 morts –159 jihadistes, 22 combattants FDS et 37 civils, ces derniers tués en majorité par les frappes de la coalition– selon l’OSDH.
Des milliers d’habitants ont fui Minbej alors que les jihadistes sont restés pour défendre la ville, d’après l’OSDH.
L’EI est l’objet depuis quelques semaines de plusieurs offensives en Syrie, par les forces soutenues par Washington mais aussi par les troupes du régime syrien appuyées par l’aviation russe.
Bombardements sur Daraya
Près de Damas, un convoi humanitaire transportant de la nourriture est entré jeudi soir à Daraya pour la première fois depuis le début du siège de la ville il y a environ quatre ans.
Mais les aides n’ont pas pu être distribuées « en raison de l’intensité des bombardements » du régime, a affirmé à l’AFP par internet Shadi Matar, un militant antirégime qui a fait état d’un « largage intensif de barils d’explosifs ».
Les habitants de Daraya, qui souffrent de graves pénuries, attendaient avec impatience cette aide qui consiste notamment selon le Croissant rouge syrien en des « aliments secs et des sacs de farine ».
Les forces progouvernementales tentent depuis quatre ans de reprendre ce fief rebelle situé près de la base aérienne de Mazzé, siège des services de renseignements de l’armée de l’air et de leur prison.
Environ 8.000 personnes selon l’OSDH et le conseil local, 4.000 selon l’ONU, habitent encore cette ville et beaucoup souffrent de malnutrition.
L’ONU estime que quelque 592.700 personnes vivent dans 19 zones et localités assiégées en Syrie.
Un porte-parole des Nations unies a par ailleurs indiqué que les Nations unies attendaient toujours l’accord du gouvernement syrien pour acheminer de l’aide dans deux localités assiégées: le quartier Al-Waer à Homs (centre) et la ville de Zabadani, près de Damas.
L’envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie Staffan de Mistura avait pourtant affirmé jeudi que le gouvernement avait donné les autorisations nécessaires pour acheminer de l’aide dans les villes et localités assiégées du pays.
Le conflit en Syrie, déclenché par la répression de manifestations réclamant des réformes, s’est complexifié au fil des ans avec une multitude d’acteurs syriens, régionaux et internationaux. Il a fait plus 280.000 morts et des millions de déplacés et de réfugiés.
Le Quotidien / AFP