Les deux plus grands hôpitaux dans la partie rebelle de la ville syrienne d’Alep ont été touchés mercredi à l’aube par des frappes aériennes, selon l’ONG médicale qui soutient ces établissements. Ce qui laisse craindre le pire pour les habitants en première ligne.
« L’attaque est survenue à 4h du matin. Un avion militaire les a visés directement », a affirmé Adham Sahloul, de la Syrian American Medical Society (SAMS), basée aux États-Unis. Le nombre de blessés et victimes n’était pas encore établi à la mi-journée.
Ce nouveau raid sur la deuxième ville de Syrie -constamment sous les feux du régime syrien et de son allié russe- et qui plus est sur des infrastructures sanitaires, laisse craindre le pire. Si la ville martyre tombe, ses habitants risquent d’être « massacrés », s’alarme le chef des Casques blancs syriens. Raed Saleh, un Syrien trentenaire, s’est rendu mardi à New York et à Washington pour sensibiliser l’ONU et les États-Unis au sort des bénévoles de la « Défense civile syrienne », une organisation humanitaire qui se veut apolitique et participe aux secours dans des zones tenues par l’opposition syrienne.
Les services publics visés
Les Casques blancs -qui ont fait l’objet d’un documentaire actuellement proposé sur Netflix- viennent de remporter le prix Right Livelihood, un « Nobel alternatif » décerné par une fondation suédoise, et sont en première ligne à Alep depuis que les 250 000 habitants assiégés dans la partie rebelle et orientale de la ville subissent un déluge de bombardements après l’échec la semaine dernière d’une énième tentative de cessez-le-feu. « Les populations civiles saisiront la moindre occasion pour s’enfuir. Mais sans aucune garantie d’avoir un minimum de sécurité et de protection », souffle le jeune homme. « Nous sommes très inquiets : ces gens peuvent se faire massacrer, enlever ou arrêter », lâche-t-il.
D’après lui, la partie Est d’Alep ne tiendra « pas plus d’un mois » en raison de la destruction en cours de ce qui reste des services publics municipaux. « Il n’y aura plus d’eau, plus d’électricité, plus de carburant et les hôpitaux ne pourront plus continuer à fonctionner », prédisait Raed Saleh, à la veille du raid sur les deux plus grands hôpitaux de la ville.
Et si les quartiers rebelles d’Alep tombent aux mains du régime, qu’arrivera-t-il aux 122 bénévoles des Casques blancs qui y sauvent des vies tous les jours ? « Ils vivent dans les mêmes conditions que les autres civils. Je suis convaincu que le régime fera tout pour les assassiner ou les appréhender », s’inquiète le responsable de l’organisation. Il affirme avoir dénombré « 1 700 frappes » menées par les aviations syriennes et russes qui auraient fait « un millier de morts et blessés » depuis que l’armée du régime du président Bachar al-Assad a déclaré le 19 septembre la fin de la trêve péniblement imposée dix jours plus tôt.
Le Quotidien/AFP