La reprise des derniers territoires contrôlés par Daech (EI) en Syrie est « l’absolue priorité », a estimé mardi le chef de la diplomatie française alors que les forces kurdes pourraient être détournées de cet objectif par une nouvelle offensive turque.
« Daech conserve des positions territoriales dans l’est du pays. Leur reprise par les Forces démocratiques syriennes (FDS) avec le soutien de la coalition est l’absolue priorité », a déclaré Jean-Yves Le Drian à Biarritz où il présentait les priorités de la présidence française du G7 en 2019.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan s’est dit lundi déterminé à « se débarrasser » des milices kurdes – membres de la coalition kurdo-arabe des FDS qui combat l’EI dans l’est du pays – si leur parrain américain ne les contraignait pas à s’en retirer. La coalition internationale sous direction américaine appuie la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG) contre les jihadistes de l’EI, mais Ankara considère cette force comme une organisation « terroriste » liée au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) qui livre une sanglante guérilla sur le sol turc depuis 1984.
D’abord une solution politique à trouver
« Il faut stabiliser les zones libérées de l’organisation terroriste notamment par les forces kurdes et arabes que nous avons soutenues et qui ont consenti dans ce combat un sacrifice éminent », a insisté Jean-Yves Le Drian. La Turquie a déjà mené depuis 2016 deux offensives dans le nord de la Syrie contre les YPG et les jihadistes de Daech. Le ministre français des Affaires étrangères a répété par ailleurs qu’il n’y aurait « pas de victoire durable contre Daech, pas de retour sûr et volontaire des réfugiés et déplacés sans qu’il y ait une solution politique acceptable par tous les Syriens ».
Cette solution passe par des « élections à laquelle puissent participer tous les Syriens » – y compris les réfugiés – et « un environnement neutre pour éviter que le scénario ne soit écrit d’avance », a-t-il souligné. « Il n’est pas réaliste d’envisager le maintien au pouvoir de Bachar Al-Assad dans une Syrie réconciliée », a souligné la porte-parole du ministère alors que certaines déclarations américaines font débat. Le représentant spécial de la diplomatie américaine pour la Syrie, James Jeffrey, a déclaré lundi que la politique des États-Unis en Syrie ne visait pas à se « débarrasser » du président Bachar al-Assad mais qu’ils ne financeraient pas non plus la reconstruction dans ce pays tant que le régime ne changerait pas « fondamentalement ».
LQ/AFP