La force kurdo-arabe soutenue par les États-Unis a annoncé dimanche avoir pris un premier quartier dans l’ouest de Raqqa, fief de Daech (EI) en Syrie, et tentait de s’emparer d’une importante base militaire au nord de la ville.
Les Forces démocratiques syriennes (FDS), une alliance de combattants kurdes et arabes, ont pénétré pour la première fois cette semaine dans Raqqa, après sept mois de combats qui leur ont permis d’encercler cette ville du nord du pays. Dimanche, elles ont annoncé avoir pris leur premier quartier dans l’ouest de cette cité qui avait été conquise par les jihadistes en 2014. « Colère de l’Euphrate (nom donné à l’opération des FDS) a libéré le quartier d’Al-Roumaniya après deux jours de combats », ont indiqué les FDS dans un communiqué. Ces forces anti-EI contrôlent désormais deux quartiers de Raqqa, Al-Roumaniya au nord-ouest et Mechleb dans l’est, mais elles peinent à avancer vers la ville par le front nord où les jihadistes ont concentré leurs forces.
Les FDS ont également pris une partie du quartier d’Al-Sabahiya, également à l’ouest. Elles cherchent maintenant à prendre le contrôle d’une base militaire dite « de la division 17 » et d’une usine de sucre adjacente, utilisées par les combattants de Daech pour défendre l’accès nord de Raqqa. La base de la « division 17 » est une ancienne caserne de l’armée syrienne. Au moins 85 soldats avaient été tués au combat ou exécutés sommairement peu après.
Dimanche, les FDS ont mené une nouvelle attaque sur cette position militaire avec l’appui des raids de la coalition internationale antijihadiste menée par les États-Unis, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). « Des explosions ont été entendues durant la nuit du fait des échanges de tirs entre les protagonistes », a indiqué l’observatoire basé au Royaume-Uni et qui dispose d’un vaste réseau de sources dans la Syrie en guerre. Selon son directeur, Daech a « grandement fortifié » cette base en prévision de l’assaut. Raqqa est devenue le symbole des atrocités des jihadistes en Syrie -exécutions sommaires, lapidations etc.- ainsi qu’une base pour la planification d’attentats sanglants commis à l’étranger.
Victimes civiles
Les FDS ont lancé en novembre dernier une vaste opération baptisée « Colère de l’Euphrate » pour chasser les jihadistes de Raqqa. Depuis qu’elles ont pris le contrôle du quartier oriental de Mechleb mercredi, les FDS l’utilisent comme point de départ pour de nouvelles opérations, selon l’OSDH. Leurs combattants ont avancé sur une route principale menant de Mechleb, un quartier résidentiel, au centre ville.
La majorité de la ville est constituée d’habitats informels, construits de manière expéditive à partir des années 1970 pour faire face à l’afflux des populations en raison d’un exode rural massif. Raqqa comptait 300 000 habitants sous le règne de l’EI, dont 80 000 déplacés venus d’autres parties de la Syrie. Des milliers de personnes ont fui ces derniers mois et l’ONU estime que 160 000 personnes y vivent toujours. Le nombre de victimes civiles dans la ville est en augmentation ces dernières semaines. En appui à l’offensive des FDS, les avions de la coalition internationale ont ainsi mené des raids sur Raqqa tout au long de la journée de samedi, tuant au moins 24 civils, selon l’OSDH. 58 civils auraient été tués au total depuis le début de l’assaut sur la ville le 6 juin.
La coalition menée par les États-Unis fournit un appui aérien aux FDS, et les assiste au sol avec des armes et des conseillers militaires. Cette alliance internationale, qui compte 68 États, a commencé à bombarder les positions de Daech en Irak en août 2014, puis a étendu ses opérations à la Syrie le mois suivant. Outre Raqqa, la coalition mène des raids aériens sur la ville de Mayadine dans l’est de la Syrie, également tenue par Daech.
Le Quotidien/AFP