Les forces antijihadistes soutenues par Washington ont affirmé mercredi que la bataille de Raqa, « capitale » syrienne du groupe Etat islamique (EI) qu’ils contrôlent désormais à 90% selon une ONG, touchait « à sa fin ».
Assiégés depuis près de trois mois dans cette ville du nord de la Syrie, les jihadistes semblent dans l’incapacité de résister aux frappes aériennes de la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis.
« Grâce aux raids aériens intensifs de la coalition, l’EI s’est retiré en 48 heures d’au moins cinq quartiers, ce qui fait que les Forces démocratiques syriennes (FDS) contrôlent désormais 90% de la cité », a rapporté à l’AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).
Dans un communiqué, cette coalition a précisé avoir mené 30 raids aériens mardi près de Raqa, et une quarantaine la veille, touchant des positions de l’EI.
Selon Rami Abdel Rahmane, « les jihadistes ont perdu tous les quartiers dans le nord de Raqa (…) et sont confinés dans le centre-ville ». De même source, ils tiennent encore le grand quartier d’al-Amine et ses environs, et occupent d’anciens immeubles gouvernementaux.
« Ces bâtiments sont dotés d’abris et de tunnels. Les jihadistes occupent aussi la partie souterraine d’un stade de football, autrefois utilisé comme prison par l’EI », a ajouté le directeur de l’OSDH.
L’avancée des FDS dans les 10% de la ville encore aux mains de l’EI pourrait être délicate, en raison des nombreuses mines posées par les jihadistes, a-t-il toutefois prévenu. « Des opérations de ratissage et de déminage sont en cours dans les secteurs d’où l’EI s’est retiré. Les jihadistes ont enfoui des centaines, si ce n’est des milliers de mines », a souligné Rami Abdel Rahmane.
Les ressources ‘s’amenuisent’
Dans un communiqué, les FDS ont indiqué avoir mené, ces cinq derniers jours, « une attaque surprise » dans le nord de la ville, libérant plusieurs secteurs et « dispersant les forces jihadistes ».
Avec cette avancée, « nous sommes dans les dernières étapes de la campagne +Colère de l’Euphrate+ (nom de la bataille de Raqa, ndlr), qui touche à sa fin », ont-elles estimé.
Selon Rami Abdel Rahmane, « après la mort de centaines de jihadistes au cours des dernières semaines, ces derniers n’arrivent pas à résister plus longtemps car leurs ressources en équipements militaires, en armes et en vivres s’amenuisent ».
Le sort des civils reste la grande inconnue. Selon l’ONU, quelque 25.000 personnes pourraient être encore piégées par les combats à Raqa. Mais d’après le directeur de l’OSDH, il est impossible d’avancer une estimation, alors que des dizaines de milliers de personnes ont déjà fui les violences.
Les FDS ont par ailleurs indiqué avoir aidé « des centaines de familles » à fuir les combats ces cinq derniers jours pour rejoindre des zones sûres.
‘Des années’
Les FDS sont entrées début juin dans Raqa et sont plus que jamais proches de la prise de cette cité syrienne, qui était le fief du groupe ultraradical dans ce pays dévasté par plus de six ans de guerre.
La coalition internationale fournit un appui aérien crucial aux FDS, une alliance de combattants arabes et kurdes qui avait lancé sa grande offensive en novembre pour chasser l’EI de la cité qu’il contrôlait depuis 2014.
« Nous poursuivrons la campagne jusqu’à parvenir à notre objectif », a affirmé à l’AFP Jihan Cheikh Ahmad, porte-parole de l’opération « Colère de l’Euphrate », sans vouloir confirmer le chiffre de 90% avancé par l’OSDH.
Les forces arabo-kurdes mènent aussi une offensive distincte dans la province voisine de Deir Ezzor (est), frontalière de l’Irak, la dernière aux mains de l’EI en Syrie, où le régime est également engagé. « Il ne s’agit pas seulement de reprendre ses territoires à l’EI pour voir son idéologie s’évaporer », a relevé à l’AFP Charlie Winter, chercheur au Centre international d’études sur la radicalisation et la violence politique au King’s College de Londres.
Le califat autoproclamé par le groupe extrémiste en Irak et Syrie, et l’appel lancé à des centaines de milliers de personnes pour le rejoindre, « aura un impact idéologique immense pour des années et des années », a-t-il poursuivi.
Déclenché en 2011 avec la répression de manifestations pacifiques par le régime de Bachar al-Assad, le conflit en Syrie s’est complexifié au fil des ans avec l’implication de pays étrangers et de groupes jihadistes, sur un territoire de plus en plus morcelé.
Il a fait plus de 330.000 morts et des millions de déplacés et réfugiés.
Le Quotidien / AFP