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Syrie : des milliers de civils fuient les frappes russes à Alep


Ce jeudi 4 février, dans le quartier al-Kalasa au nord d'Alep. Des dizaines de milliers de personnes fuient les frappes russes dans le nord de la Syrie. (photo AFP)

Le Conseil de sécurité de l’ONU tient vendredi des consultations sur la Syrie, où le régime, appuyé par l’aviation russe, a intensifié son offensive contre la ville d’Alep, provoquant l’exode de dizaines de milliers de civils.

Les frappes russes de jeudi –130 selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH)– ont fait au moins 21 morts parmi les civils, dont trois enfants, dans des quartiers rebelles d’Alep, a indiqué cette ONG.

Lancée lundi, cette offensive de l’armée a poussé près de 40.000 civils de la région à fuir leurs foyers, selon l’OSDH. Des milliers d’entre eux se trouvent sans abri dans le nord de la Syrie, notamment près de la frontière avec la Turquie.

« 60 à 70.000 personnes » pourraient se réfugier en Turquie après avoir fui l’offensive du régime, a de son côté averti le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu, dont le gouvernement est opposé au régime de Bachar al-Assad.

S’alarmant du nombre de réfugiés se dirigeant vers la Turquie, M. Davutoglu a accusé « les complices de Bachar al-Assad » d’être « tout autant coupables de « crimes de guerre », en référence à Moscou.

L’armée russe a de son côté affirmé avoir « de sérieuses raisons » de croire qu’Ankara préparait une « intervention militaire » en Syrie. Elle a cité l’accumulation à la frontière d’hommes et de matériel et l’interdiction par Ankara du survol de son territoire par un avion de reconnaissance russe.

Les avions russes ont bombardé 875 « cibles terroristes » lors des « trois derniers jours », notamment dans la région d’Alep, selon Moscou.

Les Etats-Unis ont de nouveau réclamé que les Russes arrêtent leurs bombardements qui visent, selon eux, les rebelles et non les jihadistes du groupe Etat islamique (EI) qui contrôlent de vastes territoires en Syrie.

« Nous assistons évidemment, au moins depuis très récemment, à des messages dissonants » venus de Moscou, a pointé le porte-parole du département d’Etat, John Kirby, les Russes assurant oeuvrer à une solution diplomatique tout en poursuivant ses bombardements militaires contre des groupes d’opposition et des civils. M. Kirby était déjà monté au créneau mercredi pour fustiger les frappes russes contre la ville d’Alep qui auraient « en partie » provoqué l’échec des discussions inter-syriennes indirectes à peine amorcées à Genève.

Le médiateur de l’ONU en Syrie Staffan de Mistura rendra d’ailleurs compte vendredi aux ambassadeurs des 15 pays membres du Conseil de sécurité de sa décision de suspendre jusqu’au 25 février les négociations de paix de Genève entre pouvoir et opposition, qui ont douché les fragiles espoirs d’une esquisse d’une solution politique.

« Fermer la frontière »

L’ancienne capitale économique du pays est depuis 2012 une place forte des rebelles qui en contrôle l’est tandis que les quartiers ouest sont aux mains du régime. Les rebelles se trouvent désormais dans une situation extrêmement difficile, les forces progouvernementales ayant réussi à couper leur principale route d’approvisionnement jusqu’à la Turquie.

Si l’armée avance davantage vers Alep, « le siège sera total », selon Rami Abdel Rahmane, directeur de l’OSDH. « A moins qu’ils ne reçoivent une aide urgente des pays du Golfe et de la Turquie, cela pourrait marquer le début de la fin pour eux ».

« Les prochains objectifs sont de fermer la frontière avec la Turquie pour empêcher l’arrivée de troupes et d’armes (aux rebelles, ndlr) », a déclaré pour sa part un haut responsable syrien.

Pour Maamoun al-Khatib, un militant du nord d’Alep, « la situation dans la région d’Alep est catastrophique pour les civils, notamment dans les localités de Tell Refaat, Azaz et Marea assiégées de trois côtés. Il ne leur reste qu’une seule route pour aller en turquie ».

« 300.000 personnes vivant dans ces régions sont menacés alors que l’aviation russe lance des raids intenses » depuis plusieurs jours, a-t-il ajouté via internet.

Le secrétaire d’Etat américain John Kerry a rappelé lors d’une discussion « musclée » avec son homologue russe Sergueï Lavrov, qu’une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU appelait à un cessez-le-feu immédiat pour permettre l’acheminement de l’aide aux villes assiégées.

Signe que la paix n’est pas à l’ordre du jour pour ce conflit impliquant plusieurs puissances étrangères, un général saoudien a indiqué que l’Arabie saoudite serait prête à se joindre à toute opération terrestre en Syrie si la coalition antijihadistes menée par Washington dont elle fait partie prenait une telle décision.

Selon les estimations publiées jeudi par la Banque mondiale, le coût économique de la guerre en Syrie et de ses retombées dans les pays de la région s’élève à quelque 35 milliards de dollars.

Le Quotidien / AFP