L’armée syrienne a lancé le 18 février une nouvelle campagne aérienne meurtrière contre la Ghouta orientale, dernier bastion contrôlé par les rebelles près de Damas, que le régime de Bachar al-Assad cherche à reconquérir.
En cinq jours, les frappes ont fait au moins 335 morts parmi les civils dont près de 79 enfants et 50 femmes, et plus de 1 700 blessés dans cette enclave où sont assiégés quelque 400 000 habitants depuis 2013.
Le 5 février, déjà, l’armée avait mené des bombardements sur la Ghouta, tuant quelque 250 civils en cinq jours et blessant des centaines. Des tirs rebelles de représailles sur Damas avaient fait une vingtaine de morts.
Raids intensifs
Le 18 février, l’armée a renforcé ses positions autour de l’enclave en prévision d’une offensive terrestre, indique l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).
Le même jour, les forces du régime ont tiré plus de 260 roquettes et l’aviation mène des raids intensifs sur plusieurs localités de la Ghouta orientale.
Mort et désolation
Le 19, l’armée syrienne tue 127 civils en pilonnant cette région, le bilan le plus lourd sur une journée dans l’enclave rebelle depuis 2013.
Les hôpitaux et les médecins sont débordés par les enfants qui recherchent leurs parents ou des parents en quête de leurs enfants.
Les bombardements de civils « doivent cesser maintenant », exhorte le coordinateur de l’ONU pour l’aide humanitaire », appelant à « mettre fin immédiatement à cette souffrance humaine insensée ».
« Aucun mot ne rendra justice »
Le 20, selon l’OSDH l’aviation russe bombarde la Ghouta orientale pour la première fois depuis trois mois, touchant un hôpital à Arbine, désormais hors service. Six autres hôpitaux ont été visés par les bombardements en 48 heures, dont trois sont désormais hors service, selon l’ONU.
Des centaines de blessés affluent dans les hôpitaux de fortune de la Ghouta orientale. Les lits manquent et les blessés sont soignés à même le sol.
Le chef de la diplomatie française, Jean-Yves le Drian, dit craindre « un cataclysme humanitaire ». Le département d’État américain se dit « extrêmement préoccupé » et dénonce les « tactiques » du régime consistant à « assiéger et affamer ».
« Enfer sur Terre »
Le 21, les raids ciblent plusieurs localités, principalement Hammouriyé et Kfar Batna. Outre des bombes, les avions larguent des barils d’explosifs, une arme qui tue de manière aveugle et dont l’utilisation est dénoncée par l’ONU et des ONG.
De nombreux immeubles ont été détruits dans les frappes. Des habitants s’abritent dans les sous-sols et caves.
Le Kremlin dément l’implication de la Russie dans les bombardements.
Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) réclame l’accès à l’enclave.
Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres appelle à un arrêt immédiat des combats. La Ghouta orientale est devenue « l’enfer sur Terre », selon lui.
Le président français Emmanuel Macron demande « une trêve », accuse le régime syrien de s’en prendre « aux civils ».
Vers un vote du Conseil de sécurité
Le 22, au moins 13 civils dont trois enfants sont tués dans la chute d’une pluie de roquettes sur Douma, principale ville de la Ghouta orientale.
La chancelière allemande Angela Merkel appelle à faire cesser le « massacre » et l’Arabie saoudite demande « d’arrêter la violence ».
Selon des diplomates, le Conseil de sécurité de l’ONU devrait voter, probablement ce jeudi, sur un projet de résolution réclamant un cessez-le-feu de 30 jours pour permettre la livraison d’aide humanitaire et des évacuations médicales.
Le Quotidien/ AFP