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Syrie : Assad marque des points auprès des américains


Le secrétaire d’État américain, John Kerry, a admis que Washington devra négocier avec le président Bachar al-Assad pour mettre fin au conflit qui est entré, hier, dans sa cinquième année.

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John Kerry et l’administration Obama ont fait de la lutte contre l’État islamique leur priorité en Syrie. (Photo : AFP)

Washington travaille à « relancer » les efforts visant à trouver une solution politique au conflit, a dit le chef de la diplomatie américaine. Mais Marie Harf, une porte-parole du département d’État, s’est empressée de préciser sur Twitter que John Kerry avait « réitéré la ligne que nous suivons depuis longtemps. Nous avons besoin d’un processus de négociations avec la participation du régime. Il n’a pas parlé de négociations directes avec Assad. » Lors de l’interview sur CBS, Kerry a d’ailleurs reconnu qu’il n’entendait pas relâcher la pression sur le président syrien « pour bien lui faire comprendre que tout le monde est déterminé à trouver une issue politique ».

Jusqu’ici pourtant, l’administration Obama se montrait plus préoccupée par la lutte contre l’État islamique (EI), qui contrôle des régions entières d’Irak et de Syrie. Elle appelait aussi, de façon constante, au départ d’Assad.

> Des pourparlers prévus en avril

Reste à s’entendre sur les modalités de négociations avec Damas. Les États-Unis ont participé à l’organisation de pourparlers entre l’opposition syrienne et des émissaires de Damas à Genève au début de l’année dernière. Mais les deux cycles de négociations n’avaient produit aucun résultat. « Assad ne voulait pas négocier », a asséné John Kerry. « S’il est prêt à engager des négociations sérieuses sur la façon d’appliquer Genève I, bien sûr », a répondu Kerry lorsque la journaliste de CBS lui a demandé s’il était disposé à parler au président syrien. « Nous l’encourageons à le faire. »

En Syrie, la catastrophe humanitaire se poursuit. Des ONG ont condamné cette semaine l' »échec » des gouvernements du monde à trouver une issue à la guerre qui a coûté la vie à plus de 215 000 personnes et poussé la moitié des habitants à fuir leur domicile. La diplomatie est au point mort, après deux séries de négociations entre régime et opposition qui se sont soldées par un fiasco. Deux émissaires spéciaux ont jeté l’éponge et un troisième tente en vain de faire appliquer un gel des combats à Alep (nord).

L’incapacité de la communauté internationale à mettre fin au bain de sang alimente le sentiment d’amertume et d’abandon des Syriens, qui traversent, selon l’ONU, « la plus importante situation d’urgence humanitaire de notre ère ». Des ONG de défense de droits de l’homme ont enquêté sur les terribles exactions du régime : près de 13 000 Syriens sont morts sous la torture dans ses geôles depuis le début du soulèvement.

Bachar al-Assad reste accroché au pouvoir et ses forces consolident leur contrôle sur les périphéries de Damas et d’Alep, où s’effrite la présence de la rébellion. Celle-ci, plus éclatée que jamais dans le nord, le centre et le sud du pays est affaiblie par la supériorité militaire de l’armée qui la bombarde de barils d’explosifs et s’appuie sur des alliés étrangers comme le Hezbollah libanais. Hier, au moins 18 civils ont été tués et 100 blessés, dont des femmes et des enfants, dans des raids aériens du régime sur une ville rebelle près de Damas.

Depuis mi-2014, les États-Unis dirigent une coalition internationale pour combattre l’EI en Irak et en Syrie, où les jihadistes ont proclamé un « califat » islamique sur les territoires qu’ils contrôlent. Le groupe attire des milliers de combattants étrangers, dont de nombreux Occidentaux, laissant craindre que des jihadistes ne cherchent à mener des attaques une fois de retour chez eux. L’espoir de paix en Syrie reste maigre. De nouveaux pourparlers sont prévus en avril à Moscou, allié indéfectible d’Assad, mais la participation de l’opposition est à ce stade incertaine.

AFP