Les Suisses ont dit non à une large majorité dimanche à une limitation de l’immigration des ressortissants de l’Union européenne, mais un oui très net à l’instauration d’un congé paternité de deux semaines, selon les projections publiées peu après la clôture des bureaux de vote.
Selon l’institut de sondage gfs-Bern, les électeurs ont rejeté à 63% l’initiative populaire dite de « limitation » lancée par l’UDC, le premier parti du pays qui milite pour une « immigration maîtrisée ».
La droite populiste, qui estime que la Suisse « subit une immigration incontrôlée et démesurée » et que les « emplois sont menacés », voulait résilier l’Accord sur la libre circulation des personnes (ALCP) signé en 1999 avec l’Union européenne. Elle faisait cavalier seul sur ce thème. Les autres partis et les milieux économiques se sont fermement prononcés en faveur de frontières ouvertes avec une UE qui est le plus important partenaire commercial de la Suisse. Et les régions frontalières dépendent fortement de la main d’oeuvre venue des pays voisins membres de l’UE.
L’UE lentement
Depuis plusieurs années, l’UE souhaite conclure un accord-cadre institutionnel avec Berne pour simplifier les relations bilatérales. Cet accord est loin de faire l’unanimité en Suisse, à gauche comme à droite.
Il y a seulement six ans, les Suisses avaient approuvé, à une très courte majorité mais à la surprise des experts, une première initiative populaire de l’UDC réintroduisant des quotas de migrants, notamment européens. Craignant des représailles de l’UE, Berne avait adouci le texte de mise en oeuvre de l’initiative: adopté en 2016 par le parlement, il donne une préférence nationale à l’embauche et établit des formalités supplémentaires pour les employeurs basés en Suisse voulant faire venir des employés européens.
En 1992, les Suisses avaient également voté « non » à l’entrée de leur pays dans l’Espace économique européen, un accord signé par les Etats membres de la Communauté européenne, l’ancêtre de l’UE, et les pays membres de l’Association européenne de libre-échange (AELE).
Depuis, Berne et Bruxelles ont signé plusieurs accords bilatéraux. Un premier paquet de sept accords, incluant l’ALCP, a été validé par le peuple suisse en 2000 par 67,2 % des voix.
AFP