Un Franc-Comtois s’est suicidé vendredi en Suisse, (près de Neuchâtel) en emportant ses deux enfants, 2 et 3 ans, dont il allait perdre la garde.
L’homme a laissé une lettre expliquant son geste. Il n’avait pas obtenu la garde des bambins, âgés de 2 et 3 ans.
Vendredi, aux aurores. Un homme de 36 ans résidant aux Hôpitaux-Vieux, près de Pontarlier dans le Haut-Doubs, s’est jeté d’une falaise de 150m, en emportant dans le vide ses deux enfants, un garçonnet de 2 ans et une fillette de 3 ans.
Les autorités suisses ont retrouvé sa voiture garée au sommet du cirque du Creux-du-Van, fleuron touristique du canton de Neuchâtel, à proximité d’un petit restaurant. A l’intérieur du véhicule, une brève lettre. Manuscrite. L’homme explique son geste insensé par une décision de justice défavorable concernant la garde de ses deux bambins, dans le cadre d’une procédure de divorce.
Tôt le vendredi matin, le père des deux petites victimes avait pris soin de prévenir sa sœur, annonçant l’imminence et le lieu de son acte désespéré à venir.
Un quatrième cadavre qui a semé le doute
La police suisse a été avisée de la situation peu après 9h. Un important dispositif (40 hommes et un hélicoptère) a été déployé sur le terrain. Mais il était déjà trop tard. Les corps du Doubien et de ses enfants ont été retrouvés au pied de l’immense falaise, dans une zone très escarpée. Selon les premières constatations, les petits n’avaient pas d’entraves visibles, ni corde ni lien.
A 300 m de là, le cadavre d’une femme a également été découvert. Contrairement aux hypothèses initiales, il ne s’agissait pas de la mère de famille haut-doubienne. Le lieu est malheureusement propice aux actes désespérés : ce second suicide, concomitant, n’a aucun lien avec l’infanticide.
L’enquête, conduite par les Suisses et à laquelle ont participé les gendarmes du Doubs, se poursuit. Hier a eu lieu l’autopsie des trois cadavres. Certaines circonstances de la tragédie restent à préciser. Les conséquences d’ordre judiciaire, elles, semblent limitées. « Nous partons sur une procédure de meurtre à l’encontre des deux enfants. Si cette hypothèse se confirme, l’action pénale sera ensuite éteinte, en raison de la mort du suspect », a indiqué le procureur suisse Jean-Paul Ros, lors d’une conférence de presse à Neuchâtel.
La maman du garçonnet et de la fillette, elle, a finalement été retrouvée saine et sauve vers 17h30, de longues heures après la macabre découverte. Les autorités craignaient que son compagnon s’en soit d’abord pris à elle, avant de concrétiser son funeste projet. Lorsque les gendarmes ont fini par la localiser, elle n’était au courant de rien. Elle bénéficie depuis d’un soutien psychologique particulier.
« On voyait les enfants tous les jours »
Aux Hôpitaux-Vieux où vivait la famille, stupeur et consternation régnaient hier matin. La nouvelle du drame a circulé dès vendredi. Le père de famille était installé dans une grande ferme au village ou il avait également aménagé un gîte. Le maire, Louis Poix, était sous le choc, comme toute la population. C’est lui qui avait marié le jeune couple.
La préfecture du Doubs et la sous-préfecture de Pontarlier ont pris les devants, dès vendredi auprès de la mairie, pour évoquer une possible cellule psychologique au village dès demain. « Oui, ce sera sans doute nécessaire », témoigne une voisine. « On ne se rend pas bien compte mais on voyait tous les jours les enfants rigoler devant la maison en arrosant les fleurs. C’est incompréhensible. Leur papa n’a jamais montré de signe, on ne pouvait pas se douter. C’est une période noire. »
Le père de famille était opticien, mais aussi moniteur de ski à son compte et compétiteur assidu, alignant les performances dans la plupart des courses de ski nordique de la région, les ultra-trails et notamment celui du Mont-Blanc. Ses amis parlent d‘une « solidité et d’un mental d’acier ».
Il s’était marié en 2013 aux Hôpitaux-Vieux avec sa compagne, originaire du pays de Montbéliard, mère de ses deux enfants nés en 2012 et 2013. Le père était très discret au village. Il semble que le couple était séparé depuis plusieurs mois. On évoque une séparation particulièrement conflictuelle, une « guerre ouverte » malgré une tentative de divorce à l’amiable.
L’épouse aurait habité quelque temps dans un village proche. Elle devait retourner dans la région de Montbéliard. Une décision de justice, apprise jeudi après-midi par un mail de son avocat concernant la garde des enfants, aurait déclenché cette réaction. « On est KO », résumait un proche. « On savait qu’il n’allait pas bien, mais de là à… »
Willy Graff et Didier Fohr (Républicain Lorrain)