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Stop ou encore ? Les Parisiens votent sur les trottinettes en libre-service


(photo AFP)

« Pour ou contre les trottinettes en libre-service ? » Les Parisiens votent ce dimanche pour trancher le vif débat sur la place de ces deux-roues électriques sur les trottoirs et le bitume de la capitale.

Les bureaux de vote, pour la plupart regroupés dans les mairies d’arrondissement à l’occasion de cette « votation citoyenne » inédite à Paris, ont ouvert à 9 h et doivent fermer à 19 h. Les résultats sont attendus vers 22 h. Si la votation n’a pas de valeur légale, la maire socialiste Anne Hidalgo, qui a fait campagne contre les trottinettes en libre-service, a promis de respecter le résultat.

« Je me suis engagée bien sûr à respecter purement et simplement le résultat du vote », a-t-elle déclaré à la presse dans son bureau de vote du XVe arrondissement. « Les Parisiennes, les Parisiens, ont envie d’être sollicités sur des choses qui renvoient à leur vie », a-t-elle ajouté.

La mairie doit renouveler ou non les contrats autorisant trois opérateurs privés (Lime, Tier et Dott) à déployer chacun 5.000 trottinettes dans la capitale, arrivés à échéance fin mars.

Après les avoir accueillies en 2018, Paris deviendrait la seule capitale européenne à complètement interdire les trottinettes en libre-service, bien que d’autres grandes métropoles mondiales, comme Barcelone ou Montréal, bloquent encore leur déploiement.

Influenceurs et courses gratuites 

Les trois opérateurs ont tout tenté pour éviter leur éviction, qui renverrait un signal négatif aux villes moyennes hésitant à autoriser ce service. Y compris avec des méthodes controversées, comme en proposant une course gratuite le jour du vote, ou en recourant à des influenceurs sur les réseaux sociaux pour mobiliser leur jeune clientèle. « En toute légalité », s’est défendu sur RMC Nicolas Gorse, directeur général de Dott, s’exprimant au nom des trois opérateurs.

Il a prévenu des conséquences économiques d’une interdiction, les trottinettes à Paris pesant pour 15% du chiffre d’affaires de Dott, qui emploie 800 personnes à Paris.

Les trottinettes électriques sont accusées par leurs détracteurs d’être abandonnées n’importe où dans l’espace public, de frôler à toute vitesse les piétons sur les trottoirs, ou de ne pas être si écologiques que cela en raison d’un mauvais bilan carbone supposé. Après avoir multiplié les mesures pour les réguler, Anne Hidalgo et son adjoint écologiste aux mobilités David Belliard plaident désormais pour leur interdiction pure et simple.

Mais les partenaires de la maire ont montré peu d’entrain à faire campagne. L’opposition de droite n’a pas appelé à participer au vote, déplorant que la mairie ne consulte les citoyens que sur un sujet « mineur ».

« C’est dangereux » 

Les électeurs interrogés dimanche matin, dont très peu de moins de 30 ans, ont pour beaucoup voté contre les trottinettes en libre-service. « C’est dangereux, à la fois pour ceux qui les utilisent et pour les piétons », pense Françoise Granier, allée voter à la mairie du IXe arrondissement. « On ne verbalise jamais ! », s’est indignée cette médecin de 68 ans, déplorant pêle-mêle les incivilités des trottinettistes, cyclistes ou motards.

« C’est anarchique, les utilisateurs ne respectent pas le code de la route, ils sont souvent à deux et vont très vite », s’est aussi emporté Emmanuel Gabriot, acheteur dans la distribution rencontré dans le Xe arrondissement. Mais son compagnon, favorable aux trottinettes, « m’a dit qu’il ne fallait pas voter comme un vieux con et penser aux jeunes », s’esclaffe-t-il. Celui-ci, Sébastien Righi, justifie : « On n’empêche pas les jeunes d’avoir un moyen de transport écologique ».

Utilisatrice de trottinettes en libre-service, Servane Gaxotte, 57 ans, apprécie ce moyen de transport « vachement plus mobile » que le vélo, elle qui n’a pas la place chez elle pour avoir sa propre trottinette. « Y en a marre qu’on dise que c’est un moyen de transport de jeunes! », a dit cette styliste du XIe arrondissement.

« Si c’était mieux encadré, je ne serais pas contre… mais on voit que les comportements sont fous », opine aussi Michaël Dahan, 50 ans, analyste fonctionnel dans l’informatique, qui a voté contre. « Certes, il y a encore des infractions au code de la route et des comportements dangereux. Ça, il s’agit de l’humain, pas des engins », s’est défendu Nicolas Gorse au nom des opérateurs. « Ce qu’il faut, c’est éduquer, détecter, sanctionner. »