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Statistiques ethniques en France : « plus risqué qu’utile » selon Buzyn


Samedi à Paris, lors d'un rassemblement du mouvement "Black lives matter". La question des outils pour lutter contre les discriminations se pose de façon tiraillée (photo : AFP).

Dans le cadre des outils de lutte contre les discriminations raciales, Agnès Buzyn, candidate LREM à la mairie de Paris, a estimé dimanche que les statistiques ethniques, « c’est infaisable » et « c’est plus risqué qu’utile », au moment où la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye appelle à rouvrir le débat sur cette question.

« Il faut bien peser les risques et les bénéfices, et si un jour on doit le faire, il faut le faire dans un champ excessivement restreint, avec toutes les garanties nécessaires, mais je pense qu’en pratique, c’est infaisable et à mon avis plus risqué qu’utile », a jugé l’ancienne ministre de la Santé au micro de Radio J.

« Ça oblige à classer les gens et fondamentalement, je ne peux pas imaginer qu’on classe les gens – un humain est un humain – et en fonction d’un critère pseudo-ethnique puisqu’on sait bien à quel point c’est contestable », a déploré Mme Buzyn, qui se dit « viscéralement attachée à l’universalisme ».

L’eurodéputé RN Nicolas Bay s’est montré également très critique.

« Au Rassemblement national, on a toujours été opposé à l’idée de statistiques ethniques parce que finalement, ça aboutirait à analyser les événements, la sociologie, sous un prisme exclusivement ethnique ou raciale, ce qui est quand même assez réducteur et constitue même une régression », a-t-il dénoncé sur France Inter/FranceinfoTV.

« Si on rentre là-dedans, on va faire des statistiques ethniques sur les bénéficiaires d’allocations sociales »

« Je les mets en garde, je pense qu’ils sont très imprudents parce que si on rentre là-dedans, on va faire des statistiques ethniques sur les bénéficiaires d’allocations familiales ou d’allocations sociales. On va faire des statistiques ethniques, comme c’est le cas aux États-Unis, sur la délinquance et sur la criminalité et ça permettra de mettre en évidence un certain nombre de choses, comme le lien évident entre l’immigration et l’insécurité », a-t-il ajouté.

La porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye a suggéré de rouvrir « de manière apaisée et constructive le débat autour des statistiques ethniques » et de « revenir avec force aux outils de lutte contre les discriminations raciales », dans une tribune publiée samedi par Le Monde.

« Car nous avons fait de l’universalisme le fondement de nos lois, mais, à ne pas pouvoir mesurer et regarder la réalité telle qu’elle est, nous laissons prospérer les fantasmes », écrit Sibeth Ndiaye, elle-même franco-sénégalaise, qui dit avoir fait « l’expérience du racisme ordinaire ».

La France, à l’inverse des pays anglo-saxons, a interdit les politiques ciblées, les quotas ou les statistiques ethniques pour traiter tous les citoyens à égalité.

AFP