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Sous pression en Irak et en Syrie, l’EI perd sa dernière grande ville


(Photo : AFP)

L’armée syrienne a repris Deir Ezzor au groupe Etat islamique (EI), qui a perdu toutes les grandes villes autrefois sous son contrôle en Irak et en Syrie, mais les jihadistes résistaient encore vendredi dans un réduit à la frontière entre ces deux pays.

Appuyées par les alliés russe et iranien, les forces du régime ont « entièrement libéré » la ville de Deir Ezzor, chef lieu de la province du même nom dans l’est de la Syrie, ont rapporté vendredi les médias d’Etat syriens.

L’EI s’était emparé de la quasi-totalité de Deir Ezzor et de sa province riche en pétrole en 2014. L’armée syrienne avait pu en libérer certains quartiers assiégés en septembre.

Un journaliste collaborant avec l’AFP a constaté jeudi l’ampleur des dégâts, dans les quartiers récemment repris aux jihadistes par l’armée avec l’appui de l’aviation russe: des immeubles se sont entièrement écroulés, des façades ont complètement explosé.

Les tranchées creusées par les jihadistes étaient encore visibles. Vendredi, des unités d’ingénierie au sein de l’armée s’employaient à désamorcer les mines et autres engins explosifs laissés par les combattants de l’EI, selon la télévision d’Etat.

La perte de la ville de Deir Ezzor est un nouveau coup dur pour l’EI, qui a subi une série de revers ces dernières semaines en Syrie et en Irak voisin.

Le groupe ultra-radical ne tient plus aujourd’hui que 35% de la province de Deir Ezzor et s’est retranché dans une ville de moindre importance, Boukamal, à la frontière irakienne. Les forces du régime syrien sont désormais à 40 km de Boukamal.

L’EI contrôle encore des villages et localités et au moins un champ pétrolier dans la Syrie en guerre, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).

Ces derniers mois, les jihadistes ont été chassés des grandes villes qu’ils contrôlaient, sous le coup de multiples offensives: par les forces irakiennes à Mossoul (nord de l’Irak) en juillet, et par une coalition kurdo-arabe syrienne soutenue par Washington à Raqa en Syrie, au mois d’octobre.

Le groupe avait proclamé en 2014 un « califat » sur une zone vaste comme l’Italie, entre Irak et Syrie. Dans ce dernier pays, il avait réussi à profiter du chaos engendré par la guerre, déclenchée en 2011 avec la répression meurtrière de manifestations d’opposants au régime de Bachar al-Assad.

Avancée des forces irakiennes

Les jihadistes sont maintenant principalement retranchés dans une zone largement désertique à la frontière entre l’est de la Syrie et l’ouest de l’Irak, le long de la vallée de l’Euphrate qui chevauche ces deux pays. Mais il est là aussi sous pression.

Les forces irakiennes ont ainsi annoncé être entrées vendredi dans al-Qaïm, gros bourg du désert au coeur du dernier bastion de l’EI en Irak.

Tôt le matin, l’artillerie et l’aviation irakiennes, ainsi que les avions de la coalition internationale anti-EI emmenée par les Etats-Unis, ont pilonné des positions jihadistes dans la localité, à une dizaine de kilomètres de la Syrie.

Ensuite, des unités de l’armée et du contre-terrorisme « ont entamé l’assaut sur le centre d’al-Qaïm », a affirmé à l’AFP le général Nomane al-Zobaï, commandant de la 7e division de l’armée irakienne, présent sur place.

Peu après, un officier indiquait à l’AFP sous le couvert de l’anonymat, qu’un premier quartier, Gaza, avait été repris aux jihadistes. « Les unités du contre-terrorisme et les combattants tribaux ont libéré Gaza après des combats violents à l’issue desquels des terroristes ont péri et d’autres se sont repliés vers le centre d’al-Qaïm », a-t-il affirmé.

Les unités paramilitaires du Hachd al-Chaabi ont affirmé que les jihadistes avaient « incendié des maisons de civils dans le quartier de Gaza, dans le sud-ouest d’al-Qaïm, pour brouiller la visibilité des avions ». En outre, a ajouté le Hachd, « de nombreux jihadistes fuient vers Boukamal en Syrie avec leurs familles ».

Selon la coalition internationale antijihadistes, environ 1.500 combattants de l’EI sont encore présents dans cette zone désertique entre l’Irak et la Syrie, qui devrait être le théâtre de la « dernière grande bataille » contre le groupe extrémiste en Irak.

Le Quotidien / AFP