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Sous les eaux, des Sud-Soudanais appellent à l’aide


Un enfant regardant des papiers et vêtements humides étalés pour sécher après que des familles ont évacué leurs biens des eaux inondées à Juba, au Sud-Soudan, mardi. (photo AFP)

Récoltes, maisons, vêtements, manuels scolaires… Dans la localité de Kworjik, tout a été englouti par les inondations qui frappent le Soudan du Sud, contraignant des dizaines de milliers d’habitants à quitter leur domicile.

À seulement 16 km de la capitale Juba, les habitants de Kworjik sont encerclés par les eaux, cherchant comment nourrir leurs enfants et un endroit sûr pour dormir. « Il y a trop d’eau », soupire, bouleversée, Sabina Nene. « La pluie est arrivée et nous a submergés », déclare cette veuve de 30 ans, en tentant de faire sécher quelques grains de maïs pour préparer un peu de gruau pour ses quatre enfants.

Comme des milliers d’autres paysans pris au piège de la pluie à Kworjik, elle utilise les eaux de la crue pour subvenir aux besoins de sa famille, notamment boire et cuisiner. Les risques pour la santé ne sont pas son souci pour le moment. « Nous voulons des tentes, c’est la première des choses. Nous voulons aussi des moustiquaires parce qu’il y a trop de moustiques », énumère-t-elle, avant d’ajouter : « Et de la nourriture. »

Au moins 9 000 habitants de Kworjik ont été touchés par les inondations, estime un responsable municipal, James Subek Pitia. Ce n’est qu’une fraction des 426 000 personnes affectées par cette catastrophe qui frappe l’ensemble du pays ces derniers mois, selon l’agence d’intervention d’urgence des Nations unies.

Les secouristes ont eu recours à des canoës pour atteindre les populations isolées, rapportait le Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (Ocha) dans une note la semaine dernière, en mettant en garde sur le fait que d’autres pluies abondantes et d’autres inondations étaient attendues dans les prochains mois.

Campements de fortune 

Certaines familles de Kworjik ont pu gagner Juba, explique un habitant, Albert Alsayo Laku. D’autres se sont réfugiées dans des églises ou dans la poignée de bâtiments en construction qui ont résisté au déluge. Mais la majorité est restée, dressant des campements de fortune le long de la route reliant Kworjik à la capitale, après avoir pris le peu de biens qu’ils pouvaient extraire de leurs huttes détruites.

« Nous voulons que le gouvernement vienne à notre secours et nous amène ailleurs », exhorte Laku, père de onze enfants. L’an dernier, des inondations record avaient touché quelque 700 000 personnes dans le plus jeune pays du monde, indépendant depuis 2011. Parmi elles, environ 100 000 n’ont toujours pas pu rentrer chez elles, selon Ocha.

Les violences intercommunautaires qui minent le pays compliquent également la tâche du personnel humanitaire, notamment dans l’État du Warrap (nord-ouest) où les équipes de l’ONU affirment éprouver de grandes difficultés à acheminer de l’aide à quelque 25.000 personnes. Le manque d’argent vient aggraver la situation.

Le mois dernier, Ocha a alerté sur ses difficultés de financements, affirmant n’avoir reçu que 54% des 1,7 milliard de dollars (1,45 milliard d’euros) nécessaires pour financer ses programmes dans le pays. Le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations unies a, lui, annoncé mi-septembre être contraint de suspendre l’aide alimentaire à plus de 100 000 personnes, faute de fonds.

Plus de 82% des 11 millions d’habitants du Soudan du Sud vivent sous le seuil de pauvreté, selon la Banque mondiale, et 60% de sa population souffre de la faim causée par les conflits, sécheresses et inondations.

AFP/LQ