Accueil | Monde | Soudan : l’Unicef craint que des « centaines » d’enfants aient été enlevés

Soudan : l’Unicef craint que des « centaines » d’enfants aient été enlevés


L’Unicef redoute que des « centaines » d’enfants aient été enlevés mi-février dans le nord-est du Soudan du Sud, mettant pour la première fois en cause une milice pro-gouvernementale, selon un communiqué.

7776804753_000-par8095733

Des enfants-soldats au Soudan du Sud. (Photo : AFP)

La semaine dernière, l’Unicef avait affirmé que 89 adolescents avaient été enlevés dans la ville de Wau Shilluk, dans l’Etat pétrolier du Haut-Nil (nord-est). Le Fonds de l’ONU pour l’enfance avait déjà averti que ce chiffre était sans doute sous-estimé. L’Unicef « pense maintenant que les enfants étaient peut-être des centaines », a-t-elle affirmé dans un communiqué reçu samedi.

Le Soudan du Sud est plongé depuis décembre 2013 dans une guerre civile opposant des forces pro-gouvernementales regroupées derrière le président Salva Kiir, à des forces rebelles menées par l’ancien vice-président Riek Machar. Depuis le début, les deux camps sont accusés d’enrôler de force des enfants.

L’attaque au cours de laquelle les enfants mais aussi des hommes adultes précise l’Unicef ont été enlevés est survenue les 15 et 16 février. Le porte-parole de la présidence sud-soudanaise, Ateny Wek Ateny, l’avait fermement condamnée, qualifiant les auteurs d’enlèvements d’enfants de « Boko Haram du Soudan du Sud », en référence aux islamistes nigérians qui multiplient les kidnappings d’enfants.

> Les coupables seraient déjà connu

Après deux semaines d’enquête, l’Unicef pense désormais que la milice du chef de guerre Johnson Olony, qui contrôle la zone et a déjà été accusée dans le passé par Human Rights Watch d’enrôlement d’enfants-soldats, est responsable de ces enlèvements. « Cette milice est derrière les forces SPLA (l’armée) du gouvernement », a poursuivi l’organisation onusienne, précisant que l’armée sud-soudanaise dit cependant ne pas contrôler le groupe armé.

Selon l’Unicef, de nombreux enfants ont été repérés dans un camp d’entraînement près de Wau Shilluk et d’autres, âgés d’à peine 12 ans, équipés d’armes dans la localité de Melut (Etat du Haut-Nil également). L’organisation craint qu’ils ne soient envoyés se battre un peu plus au nord, à Kaka. Depuis le début de la guerre civile, l’Unicef estime qu’environ 12.000 enfants, essentiellement des garçons, ont été enrôlés comme soldats aussi bien par l’armée sud-soudanaise que par les forces rebelles.

Le conflit sud-soudanais a débuté le 15 décembre 2013, lorsque des combats ont éclaté au sein de l’armée sud-soudanaise, minée par des divisions politico-ethniques aiguisées par la rivalité à la tête du régime entre Salva Kiir et Riek Machar. De nombreux cessez-le-feu ont depuis été signés, mais n’ont jamais tenu plus de quelques heures ou quelques jours.

> La menace de sanctions internationales

Les deux camps sont de nouveau réunis dans la capitale éthiopienne Addis Abeba pour tenter de trouver un accord de paix. Les médiateurs du conflit les pays d’Afrique de l’Est leur ont donné jusqu’au 5 mars pour régler leurs différends. La menace de sanctions internationales plane de plus en plus sur les belligérants. Les Etats-Unis, grand soutien du pays dans son chemin vers l’indépendance du Soudan, acquise en 2011, tentent de faire adopter une résolution au Conseil de sécurité en ce sens.

La Chine, très présente dans le secteur pétrolier sud-soudanais, estime la menace contre-productive à ce stade. Wau Shilluk est une ville située sur le Haut-Nil. Sa population a cru drastiquement avec l’arrivée de dizaines de milliers de déplacés en 14 mois de guerre civile. Beaucoup ont fui la capitale de l’État, Malakal, où les combats ont été particulièrement violents.

AFP