Journalistes tués, quotidiens fermés ou menacés… Les médias sont confrontés à une pression croissante au Soudan du Sud, en proie à plus d’un an de conflit civil, a dénoncé mercredi le Comité pour la protection des journalistes (CPJ).
Le conflit sud-soudanais, qui a éclaté en décembre 2013, est émaillé de massacres interethniques. (Photos : AFP)
Des groupes de défense des droits de l’Homme ont à plusieurs reprises ces derniers temps dénoncé les tentatives du pouvoir sud-soudanais de museler la presse et d’étouffer tout débat sur la façon de mettre un terme au conflit qui ravage le jeune pays depuis 14 mois.
Le CPJ liste cette fois-ci une série d’attaques et mesures administratives précises visant aussi bien des médias gouvernementaux qu’indépendants.
Il rappelle et dénonce le meurtre, le mois dernier par des hommes armés non identifiés, de cinq journalistes travaillant pour des radio et télévision publiques. Les victimes sont tombées dans une embuscade dans la région reculée de Bahr al Ghazal (ouest).
Le CPJ dénonce aussi la fermeture, pour un durée indéterminée, du quotidien Nation Mirror, le 3 février par les services de sécurité du pays. Selon un responsable du journal, Wol Deng Atak, le Nation Mirror a été sanctionné pour avoir publié des « articles anti-gouvernement ».
Le quotidien avait déclenché la colère de Juba après avoir, par erreur, titré sur un repli des forces pro-gouvernementales de la région de Renk, dans le nord du pays. Il s’en était excusé et avait publié un rectificatif dans son édition suivante.
> Un journaliste battu par la foule
Plus tôt, en janvier, l’un de ses reporters, Athiang John, avait été battu par une foule en colère alors qu’il enquêtait sur une tuerie perpétrée dans un village situé au nord de Juba. En janvier encore, les forces de sécurité sud-soudanaises avaient aussi menacé de fermer le Juba Monitor. Elles avaient finalement forcé le quotidien à licencier un éditorialiste qui avait affirmé que les divisions ethniques alimentaient la guerre.
« Les forces de sécurité procèdent à ces opérations sans tenir compte de la loi sud-soudanaise », a estimé le CPJ. « Nous appelons les autorités à permettre au Nation Mirror de reprendre immédiatement sa publication, et de permettre aux médias indépendants de relayer l’information librement sans peur de censure ou de représailles », a poursuivi Tom Rhodes, pour l’organisation de défense des médias.
Le ministère sud-soudanais n’a pas réagi dans l’immédiat.
Le conflit sud-soudanais a éclaté en décembre 2013 sur fond de rivalité entre le président Salva Kiir et son ancien vice-président Riek Machar. Les combats ont débuté dans la capitale Juba entre une faction de l’armée fidèle à Kiir et des mutins regroupés derrière Machar. Ils se sont depuis étendus au reste du pays, ont été émaillés de massacres interethniques, et impliquent désormais une vingtaine de groupes armés.
AFP