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Sophie Wilmès : «L’Europe devra continuer à tracer sa route»


"L'Europe ne devra pas attendre que les États-Unis disent quelle voie suivre", a affirmé la cheffe de la diplomatie belge. (Photo : AFP)

L’Union européenne peut se « réjouir » de l’approche adoptée par le nouveau président américain, Joe Biden, pour les relations transatlantiques, mais elle a intérêt à s’émanciper des États-Unis, a déclaré jeudi la cheffe de la diplomatie belge, Sophie Wilmès, dans un entretien avec l’AFP.

« Il y a une attente, un espoir de pouvoir travailler avec une personnalité peut être plus prévisible dans son action, mais elle est sans naïveté », a-t-elle souligné.

« On sait que les États-Unis vont conserver leur agenda. Ce qui va changer, c’est l’approche par rapport au multilatéralisme, par rapport à l’UE, comme on l’a entendu dans certaines annonces », a expliqué l’ex-Première ministre belge.

« Il est normal que nous nous réjouissions de cette approche retrouvée sur le multilatéralisme, que le président Biden décide de rejoindre l’accord de Paris (sur le climat) et le retour des États-Unis à l’OMC », a-t-elle soutenu. « Ce n’est que lorsqu’on travaille ensemble que l’on peut changer les choses. »

Mais Sophie Wilmès a toutefois exclu d’afficher « un enthousiasme béat et naïf ». « L’Europe devra continuer à tracer sa route et ne pas attendre que les États-Unis disent quelle voie suivre », a-t-elle affirmé.

« L’Europe a appris avec l’administration de Donald Trump à quel point elle avait intérêt de s’émanciper, de suivre sa propre trajectoire, pas contre quelqu’un, mais pour se mettre en situation d’être un partenaire crédible », a-t-elle insisté.

Certaines décision prises par le président Trump ont mis les Européens en difficultés, comme sa décision de réduire à 2 500 militaires l’engagement des États-Unis dans l’opération Resolute Support de l’OTAN en Afghanistan.

Le dispositif militaire européen en Afghanistan en question

« Des décisions difficiles vont devoir être prises en février 2021 pour la mission en Afghanistan si le processus de paix échoue », a averti récemment le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg.

Avec le retrait d’une partie du contingent américain, l’essentiel des 12 000 soldats engagés par l’OTAN dans les opérations de formation en Afghanistan sont européens et canadiens, et la question se pose d’un retrait de ce pays ravagé par la guerre.

« Nous regrettons l’unilatéralisme de certaines décisions, un peu brutales, qui mettent le dispositif en difficulté », a commenté Sophie Wilmès.

La Belgique, qui a engagé 200 militaires, considère qu’il y a « intérêt pour le moment de garder une présence sur place, si cela est de nature à permettre de conserver une situation suffisamment sereine », a-elle déclaré.

« Nous déterminerons notre position en février » lors de la réunion des ministres de la Défense de l’Alliance, a-t-elle conclu.

AFP/LQ