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Sommet des 27 à Bruxelles, l’heure de vérité pour le plan de relance


Charles Michel, le président du Conseil, va avoir fort à faire ce vendredi (Photo : AFP).

Les 27 dirigeants de l’UE sabreront-ils le champagne vendredi pour leurs retrouvailles à Bruxelles ? Rien n’est moins sûr, car ils doivent s’entendre sur un plan de relance, loin de faire l’unanimité malgré la récession historique qui menace.

Le chef d’orchestre du sommet, le président du Conseil Charles Michel, a pourtant mis la pression: dans sa lettre d’invitation envoyée mercredi soir, il a exhorté les chefs d’Etat et de gouvernement à trouver un compromis, pour soutenir l’économie face à la pandémie.

« C’est le moment, maintenant. Un accord est essentiel. Cela nécessitera un travail acharné et une volonté politique de la part de tous », a prévenu l’ancien Premier ministre belge, dans sa missive.

Sur la table des négociations: un plan de relance de 750 milliards d’euros, composé de 250 milliards de prêts, et surtout de subventions à hauteur de 500 milliards, qui n’auront pas à être remboursées par les Etats bénéficiaires.

Il est adossé au budget de l’UE à long terme (pour la période 2021-2027) de 1.074 milliards d’euros.

C’est la première fois que les 27 chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE se retrouvent tous à Bruxelles depuis l’arrivée de la pandémie de coronavirus en Europe et les mesures de confinement qui ont suivi, les obligeant à se parler à distance par visioconférence.

Et lors de la dernière rencontre en face-à-face, le 20 février, ils s’étaient quittés sur un échec. Ils ne devaient alors que s’accorder sur le budget de l’UE pour 2021-2027. Mais la crise est passée par là et un plan de relance s’est invité à la table des négociations.

Chaque pays ayant un droit de veto, elles s’annoncent longues et difficiles et ce sommet extraordinaire prévu pour deux jours pourrait ne pas être le dernier.

« Un accord n’est pas garanti. Au contraire, il reste d’importantes divergences à surmonter », a admis à la veille de la réunion un haut responsable européen.

Le dirigeant le plus difficile à convaincre devrait à nouveau être le Premier ministre néerlandais Mark Rutte, déjà considéré comme partiellement responsable de l’échec du sommet de février.

Chef de file des Etats dits « frugaux » –outre les Pays-Bas, l’Autriche, le Danemark, la Suède, et dans une moindre mesure la Finlande–, il a émis de nombreuses réserves sur le plan de soutien qui devrait profiter avant tout aux pays du Sud, Italie et Espagne en tête.

Les « frugaux » sont partisans d’une réduction des subventions, leur préférant les prêts remboursables. En outre, ils réclament pour tout argent versé de solides réformes de la part des bénéficiaires.

Anniversaire de Merkel

Des exigences qui font bondir leurs voisins du Sud, inquiets de se retrouver avec l’obligation de se soumettre à un programme imposé par d’autres, comme l’avait été la Grèce au plus fort de la crise de la zone euro, obligeant sa population à de douloureux sacrifices.

Pour mieux contrôler ces pays, jugés laxistes sur le plan budgétaire, M. Rutte souhaite que leurs plans de réformes soient validés à l’unanimité des 27 (et non à la majorité qualifiée comme l’a prévu Charles Michel).

Autre sujet délicat: le lien entre le versement d’argent et le respect de l’Etat de droit, pour la première fois inscrit dans un budget de l’UE. Or, la Pologne et la Hongrie, qui font toutes deux l’objet de procédures au sein de l’Union en raison d’atteintes à l’indépendance de la justice ou aux droits fondamentaux, freinent des quatre fers.

Dans ce grand marchandage, la chancelière allemande Angela Merkel, dont le pays préside l’UE depuis le 1er juillet, suscite beaucoup d’espoirs.

Cette dernière, qui fête vendredi ses 66 ans, n’a pas ménagé ses efforts pour convaincre ses pairs de l’urgence d’adopter le plan d’aide.

Se rangeant à l’avis de la France, elle a accepté que des fonds soient empruntés à grande échelle au nom de l’Europe, brisant ainsi un tabou dans un pays jusqu’ici largement opposé à l’idée d’une dette commune.

AFP