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Sommet de l’UE : une « franche discussion » sur les quotas de réfugiés, mais pas de solution


Avant même ces discussions à huis clos, les déclarations des uns et des autres ont montré qu'ils campaient sur leurs positions. (illustration AFP)

Les 28 ont prévu à une « franche discussion » jeudi sur les quotas d’accueil de réfugiés, mais elle risque de virer au dialogue de sourds tant les divisions restent fortes sur cette mesure, à l’origine de tensions jusqu’au cœur des institutions européennes.

Le débat aura lieu lors d’un dîner entre les dirigeants des pays de l’UE et ne fera pas l’objet de conclusions écrites, à l’issue de leur sommet réuni pour deux jours à Bruxelles. Avant même ces discussions à huis clos, les déclarations des uns et des autres ont montré qu’ils campaient sur leurs positions concernant ce volet interne de la politique migratoire européenne, qui a provoqué une large fracture est-ouest.

D’un côté, les pays du groupe de Visegrad (Hongrie, Slovaquie, Pologne, République tchèque) se disent prêts à montrer leur solidarité aux pays en première ligne face aux arrivées de migrants comme l’Italie, mais excluent d’accueillir des demandeurs d’asile entrés dans l’UE par la Méditerranée. De l’autre, une majorité de pays, menés par Paris et Berlin, acceptent que la solidarité entre pays européens puisse s’exprimer de différentes manières, mais insistent pour qu’aucun pays ne puisse s’exonérer d’un partage de l’accueil.

« Nous devons être prudents »

« Les quotas ont vraiment divisé l’UE, nous devons être prudents pour le futur », a averti jeudi le Premier ministre slovaque Robert Fico, annonçant avec les pays de Visegrad une aide de 35 millions d’euros en soutien des actions de l’Italie pour gérer les migrations en Libye. « C’est la preuve que le groupe de Visegrad est totalement en ligne quand il s’agit de montrer de la solidarité avec l’Italie et d’autres », a souligné le Premier ministre hongrois Viktor Orban, grand pourfendeur de la politique migratoire européenne. Le Premier ministre italien Paolo Gentiloni a salué jeudi leur aide financière. « Mais cela ne change rien aux divergences sur les relocalisations des réfugiés », a-t-il ajouté devant la presse. « Nous en discuterons ce soir, sans les résoudre », s’est-il déjà résigné.

La chancelière allemande Angela Merkel a également estimé que la solidarité européenne ne pouvait se limiter à la politique migratoire externe. « Il ne peut pas y avoir, selon ma conception des choses, de solidarité sélective entre Etats membres », a-t-elle insisté. « Chacun doit mettre du sien », a aussi appelé le président français Emmanuel Macron, saluant les gestes de « bonne volonté » des pays de Visegrad, tout en estimant que « ça ne résout pas tout ».

Réforme enlisée

En toile de fond se joue la réforme enlisée depuis des mois du « règlement Dublin », qui confie la responsabilité du traitement d’une demande d’asile presque systématiquement aux pays de première entrée dans l’UE. Les pays de l’UE avaient fait une exception à cette règle en 2015, en adoptant un plan de répartition en deux ans de 160 000 demandeurs d’asile depuis l’Italie et la Grèce, dont 120 000 selon des quotas obligatoires. Mais seulement 32 000 ont été effectivement « relocalisés », en partie en raison du refus catégorique de plusieurs pays de l’Est de l’appliquer.

La Commission européenne, qui avait proposé ce plan arrivé à échéance fin septembre 2017, a renvoyé la semaine dernière Budapest, Varsovie et Prague devant la justice de l’UE pour son refus de le mettre en œuvre. Surtout, elle n’a pas renoncé à l’idée de prévoir des nouvelles mesures de « relocalisations » obligatoires dans le cadre de la réforme de l’asile, même si elles ne seraient déclenchées qu’en situation exceptionnelle. Hostiles à ce projet, les pays du groupe de Visegrad se sont félicités de la position affichée dans ce débat par le président du Conseil européen, Donald Tusk, qui a qualifié les quotas passés de mesure « hautement conflictuelle » et « inefficace ». Donald Tusk a invité les dirigeants des 28 à avoir « une discussion politique ouverte et franche », avec l’espoir de débloquer d’ici juin 2018 la réforme de l’asile. Mais ses critiques des « relocalisations » ont provoqué une vive passe d’armes avec la Commission.

C’est « inacceptable, c’est anti-européen », a répliqué mardi le commissaire aux Migrations, Dimitris Avramopoulos, jugeant que Donald Tusk sapait « l’un des principaux piliers du projet européen : le principe de solidarité » entre États membres.

Le Quotidien/AFP