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Solar Impulse 2 : première traversée de l’Atlantique en avion solaire


Bertrand Piccard et Andre Borschberg à l'aéroport de Séville ce jeudi 23 juin 2016. (photo AFP)

Pour la première fois dans l’histoire de l’aviation, un avion solaire a traversé l’Atlantique, un vol de trois jours au service des énergies propres qui s’est achevé jeudi à Séville, dans le sud de l’Espagne.

« C’est la première traversée de l’Atlantique par un avion solaire », s’est félicité l’aventurier Bertrand Piccard, son pilote, épuisé et ravi, en espérant que les chefs de gouvernement retrouveront aussi cet « l’esprit pionnier », nécessaire à la promotion des énergies renouvelables.

L’avion expérimental Solar Impulse 2 s’est posé à 7h38, achevant la quinzième étape de son tour du monde avec le Soleil pour seul carburant, après 71 heures et 8 minutes de vol sans interruption.

« Ce n’était pas un vol facile, il fallait se frayer la voie entre les nuages, passer par dessus, prendre des turbulences », a déclaré le pilote de 58 ans.

Mais, dès que possible « j’essayais simplement de m’imprégner de cette expérience-là, qui est magique », a-t-il ajouté lors de cet entretien téléphonique, en avouant avoir beaucoup pensé à l’aviateur américain Charles Lindbergh, autre pionnier de l’aviation, qui avait relié pour la première fois New York à Paris, sans escale, en 1927.

Piccard lui-même a déjà traversé deux fois l’Atlantique en ballon. Son père l’a fait en sous-marin. Lindbergh voulait « mettre le monde en contact » grâce au voyage en avion, moi « j’aimerais participer à développer l’utilisation des technologies propres », a-t-il dit.

L’avion avait décollé lundi de New York à 2h30.

L'avion Solar Impulse 2. (photo AFP)

L’avion Solar Impulse 2. (photo AFP)

« Bravo, c’était magnifique à voir », a dit au pilote le prince Albert de Monaco, un des parrains de l’expédition, à distance, depuis le centre de contrôle de l’avion dans la principauté où ingénieurs et techniciens s’embrassaient, enthousiastes d’avoir participé à l’aventure.

« Au milieu d’un meeting aérien »

A son arrivée dans la capitale andalouse, l’avion à la silhouette ultrafine et aux longues ailes a été salué par une parade d’avions de chasse et la patrouille de l’armée de l’air espagnole.

« Je suis arrivé au milieu d’un meeting aérien, c’était absolument extraordinaire, ça m’a gardé réveillé! », a dit Bertrand Piccard au prince de Monaco.

Puis, après s’être posé le pilote a lancé, comme un slogan: « l’avenir est propre et il commence maintenant! », en vantant l’efficacité des nouvelles technologies propres pour sauvegarder les ressources naturelles de la planète.

« Fonctionner au solaire pour l’aviation commerciale est encore très loin. Mais toutes ces technologies peuvent être appliquées au sol », a-t-il expliqué.

Le projet est financé grâce à des partenariats avec des entreprises privées ou des dons de particuliers.

L’avion doit encore faire une étape en Egypte avant de se revenir à Abou Dhabi, aux Emirats arabes unis, d’où il était parti le 9 mars 2015, faisant ensuite différentes étape à Oman, en Inde, en Birmanie, en Chine et au Japon.

Pour ce tour du monde, Bertrand Piccard et son compatriote André Borschberg, 63 ans, autre aventurier et militant de l’énergie propre, se relaient dans l’avion.

Ce dernier avait piloté l’appareil pour son plus long voyage entre Nagoya (Japon) et l’archipel d’Hawaï dans le Pacifique : 6.437 kilomètres en cinq jours et cinq nuits, le plus long vol de l’histoire de l’aviation.

L’avion a ensuite été immobilisé une dizaine de mois dans l’archipel américain d’Hawaï, pour une remise en état notamment de ses batteries, avant de reprendre son vol au-dessus des Etats-Unis, pour atterrir à New York d’où il a redécollé lundi.

Pesant seulement 1,5 tonne mais aussi large qu’un Boeing 747, l’aéroplane en fibre de carbone est surnommé le « paper plane » (avion de papier).

Il vole à une vitesse moyenne de 50 km/h grâce à des batteries qui emmagasinent l’énergie solaire captée par quelque 17.000 cellules installées sur ses ailes.

Les deux aviateurs ont annoncé jeudi la création d’un Comité international des technologies propres, dont la fonction sera de devenir « un interlocuteur crédible pour tous ceux qui ont besoin de savoir comment utiliser ces technologies ».

Le Quotidien / AFP