La série des agressions à l’arme blanche se poursuit à Jérusalem où un Palestinien a été abattu lundi après avoir poignardé un policier selon la police, dans un contexte d’escalade de la violence que rien ne semble arrêter.
L’attaque perpétrée lundi par un Palestinien contre un policier près de la Vieille ville à Jérusalem-Est est la 16e depuis le 3 octobre contre des Israéliens et des juifs. Loin des attentats à la bombe meurtriers de la deuxième Intifida, ces agressions commises pour la quasi-totalité par des Palestiniens sans aucune coordination apparente ont fait deux morts et plus d’une vingtaine de blessés.
Mais elles ajoutent au coeur même d’Israël et à Jérusalem à la vive nervosité causée par les troubles désormais quotidiens qui secouent les Territoires palestiniens occupés et réveillent le spectre d’une nouvelle intifada.
L’agression de lundi s’est produite lors d’un contrôle près de la porte des Lions, à Jérusalem-Est, partie palestinienne de Jérusalem annexée et occupée par Israël, a indiqué la police. Les environs de la Vieille ville, haut lieu religieux et touristique où Israéliens et Palestiniens se côtoient continuellement, grouillent de policiers. Un homme identifié par les médias palestiniens comme Mustafa al-Khatib, 18 ans, de Jérusalem-Est, a porté un coup de couteau à un policier qui a été protégé par son équipement, a rapporté la police. D’autres policiers l’ont alors abattu.
Le scénario est familier: le jeune homme allongé inerte dans une mare de sang est le huitième agresseur abattu dans des circonstances similaires depuis le 3 octobre. Les tensions plus ou moins latentes depuis des mois entre Palestiniens et Israéliens se sont brutalement amplifiées avec l’assassinat de deux colons en Cisjordanie occupée le 1er octobre.
Cet attentat attribué par Israël à une cellule du mouvement islamiste Hamas a marqué le début d’une spirale d’affrontements permanents entre jeunes lanceurs de pierres et forces israéliennes, d’agressions mutuelles entre Palestiniens et colons et d’attaques au couteau en Cisjordanie, à Jérusalem et jusqu’en Israël.
L’agitation a gagné en Israël la communauté des Arabes israéliens (17,5% de la population), descendants des Palestiniens de 1948, titulaires de la citoyenneté israélienne et largement solidaires des Palestiniens des Territoires. Deux soldats israéliens ont été blessés dimanche soir lorsqu’un Arabe israélien de 20 ans a foncé sur eux avec sa voiture. Il a ensuite blessé deux civils israéliens avec un couteau après être sorti de son véhicule. Il a été arrêté.
Les Arabes israéliens sont appelés à une grève générale mardi.
Les funérailles qui se succèdent alimentent la rage d’une jeunesse confrontée aux vexations de l’occupation, frustrée de perspectives et désabusée par ses dirigeants. Des centaines de jeunes sans aucun chef de file apparent vont chaque jour défier la mort près des postes de contrôle israéliens en Cisjordanie occupée en lançant des pierres sur les soldats israéliens qui ripostent à balles réelles.
Un Palestinien de 13 ans tué dimanche lors de heurts à Ramallah était enterré lundi dans le turbulent camps de réfugiés de Jalazoun. Environ 25 Palestiniens, dont huit auteurs présumés d’attaques à l’arme blanche, ont été tués depuis le 1er octobre. Des centaines ont été blessés, selon les services de secours tandis que le Club des prisonniers palestiniens a fait état de centaines d’arrestations.
La bande de Gaza, territoire séparé de la Cisjordanie mais censé constituer avec elle un futur Etat palestinien, a été entraînée dans l’escalade lorsque des jeunes ont manifesté vendredi devant la barrière de sécurité qui, avec la frontière égyptienne, enferme hermétiquement Gaza.
Parmi les 25 Palestiniens morts depuis le 1er octobre, 9 ont été tués par des tirs israéliens près de la barrière, et deux autres par un raid aérien israélien en représailles à des tirs de roquettes. Cette dégradation suscite une inquiétude grandissante de la communauté internationale. Tour à tour, les chefs de la diplomatie américaine John Kerry et européenne Federica Mogherini se sont entretenus séparément par téléphone avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et avec le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas. « Il faut mettre fin aux actes de terrorisme et éviter les réactions disproportionnées », a réclamé dimanche Mme Mogherini.
AFP / S.A.