Le Premier ministre serbe Aleksandar Vucic a rendu mercredi hommage aux victimes musulmanes au mémorial de Srebrenica, d’où il avait été chassé en juillet par des jets de pierres lors de la commémoration du 20e anniversaire de ce massacre.
Aleksandar Vucic, un ancien ultranationaliste devenu pro-européen, a déposé une gerbe de roses blanches au mémorial de Potocari. Il a été accueilli par le maire musulman de Srebrenica Camil Durakovic et le membre musulman de la présidence tripartite de Bosnie Bakir Izetbegovic pour cette cérémonie qui a eu lieu entourée d’un important dispositif de sécurité.
En juillet 1995, les forces serbes bosniennes ont massacré quelque 8 300 hommes et garçons musulmans, la pire tuerie en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale, qualifiée de génocide par la justice internationale.
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Le Premier ministre serbe devait ensuite prononcer un discours lors d’une conférence économique. Les autorités de Srebrenica souhaitent en effet présenter des possibilités d’investissements dans cette ville martyre. Cette municipalité, jadis une des plus prospères de Bosnie, compte aujourd’hui environ 7 000 habitants, contre 37 000 avant le conflit.
Lors d’une visite à Sarajevo début novembre, Aleksandar Vucic a plaidé en faveur d’une amélioration des relations entre les Serbes et les musulmans qu’il a jugées « cruciales » pour la stabilité dans les Balkans occidentaux. Il avait annoncé à cette occasion d’importants investissements serbes dans des projets de développement à Srebrenica. « Nous allons proposer de construire avec des moyens qui pour nous ne sont pas insignifiants. Il faut voir si c’est une école, une crèche, un hôpital, ce que vous souhaitez, ce dont les gens de Srebrenica ont le plus besoin », avait-t-il déclaré.
Le 11 juillet, Aleksandar Vucic venait de déposer une fleur devant un monument portant les noms des plus de 6 200 victimes identifiées et enterrées au mémorial de Srebrenica lorsque la foule avait commencé à scander « Allah Akbar ! » (« Dieu est grand ! ») et à jeter des pierres dans sa direction. Il avait été touché à la lèvre par une pierre. Certains avaient tenté de s’en prendre physiquement à lui, mais il a fini par quitter le mémorial en courant, protégé par ses gardes du corps.
AFP/A.P