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Sept écrivains et blogueurs, dont des Américains, arrêtés en Arabie


Le respect des droits de l'homme n'est pas à l'ordre du jour en Arabie saoudite, tant à l'intérieur du royaume de Salmane ben Abdelaziz Al Saoud (photo) qu'à l'extérieur avec la guerre au Yémen. (photo AFP)

Les autorités saoudiennes ont arrêté sept écrivains et blogueurs, dont deux ressortissants américains, dans une nouvelle campagne de répression en Arabie saoudite, pays allié des États-Unis et confronté à de vives critiques sur son bilan en matière de droits humains.

Ces nouvelles arrestations ont été annoncées alors que le Congrès américain a approuvé jeudi une résolution exhortant le président américain, Donald Trump, à arrêter tout soutien à la coalition saoudienne engagée dans la guerre au Yémen.

Il s’agit aussi de la première campagne de répression massive contre des personnalités de la société civile depuis l’assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi en octobre dans le consulat de son pays à Istanbul par un commando venu de Riyad, une affaire ayant fortement terni l’image du royaume.

L’organisation de défense des droits humains ALQST, basée à Londres, a précisé vendredi que les personnes arrêtées étaient « des écrivains et des blogueurs engagés dans des échanges publics sur les réformes » dans le royaume ultraconservateur. Parmi elles figurent l’écrivain et médecin Bader al-Ibrahim et le militant Salah al-Haidar, qui ont tous deux la double nationalité américaine et saoudienne.

Selon le groupe de défense des droits humains « Prisonniers de conscience », qui suit le sort des prisonniers politiques en Arabie saoudite, dix personnes ont été arrêtées. Ni les autorités saoudiennes ni l’ambassade américaine à Riyad n’ont commenté ces informations dans l’immédiat.

« Ce qui est perturbant à propos des nouvelles arrestations en Arabie saoudite, c’est que les vagues d’arrestations concernent d’abord les plus connus puis les moins connus », a réagi la militante américano-saoudienne Nora Abdulkarim sur Twitter. « Un autre aspect déconcertant est le timing, qui nous laisse nous demander : pourquoi maintenant? », a-t-elle ajouté.

Salah al-Haidar est le fils d’Aziza al-Youssef, une militante arrêtée il y a près d’un an lors d’une vaste campagne de répression et libérée provisoirement la semaine dernière aux côtés de deux autres militantes, la blogueuse Eman al-Nafjan et l’universitaire Rokaya al-Mohareb. Leur procès, très suivi, n’est toutefois pas terminé et huit autres militantes sont toujours détenues dans ce cadre.

11 militantes arrêtées après la levée de l’interdiction de conduire

Ces onze femmes sont jugées depuis le 13 mars par une cour pénale à Riyad sur la base d’accusations de contacts avec des médias étrangers, avec des diplomates et avec des organisations de défense des droits humains. La plupart d’entre elles ont été arrêtées en mai 2018, un mois à peine avant la levée historique d’une mesure interdisant aux femmes de conduire en Arabie saoudite.

Elles ont notamment été accusées de porter atteinte aux intérêts nationaux et d’aider les « ennemis de l’État » après avoir défendu le droit des femmes de conduire ou demandé la levée du système de tutelle, qui oblige les femmes à obtenir la permission d’un parent masculin pour de nombreuses démarches. Certaines des détenues disent avoir été victimes de torture et d’abus sexuels.

Le gouvernement saoudien, confronté à de vives critiques internationales sur son bilan en matière de droits humains, nie que les femmes aient été torturées ou harcelées sexuellement. Avant leur libération provisoire, les trois femmes et les garants ayant payé leur caution ont été obligés de signer l’engagement de se tenir éloignés de la presse, selon plusieurs personnes ayant assisté au procès.

La sœur de Loujain al-Hathloul, l’une des militantes arrêtées, a déclaré cette semaine faire l’objet de pressions par des personnes proches du pouvoir saoudien pour garder le silence sur les traitements reçus en détention.

L’Arabie saoudite a pris la tête en mars 2015 d’une coalition militaire pour combattre les rebelles Houthis qui ont pris le contrôle de vastes territoires du Yémen, dont la capitale Sanaa, après en avoir chassé le gouvernement. Le conflit a provoqué la pire catastrophe humanitaire au monde selon l’ONU. Depuis 2015, le Pentagone fournit un « soutien non combattant » à la coalition menée par Riyad, dont la livraison d’armes et du renseignement.

AFP