Les bureaux de vote de 4 820 communes ont ouvert dimanche à 8h pour le second tour des élections municipales, organisé avec des précautions sanitaires exceptionnelles liées à l’épidémie de coronavirus près de trois mois et demi après le premier.
L’un des enjeux principaux du scrutin est la participation, alors que moins d’un électeur sur deux s’était déplacé le 15 mars. Le suspense est important dans quelques-unes des plus grandes villes – Lyon, Marseille, Toulouse, Montpellier, Strasbourg, … -, tandis qu’au Havre, le Premier ministre, Edouard Philippe, joue en partie son avenir à Matignon.
Ces municipales se tiennent enfin à la veille d’une séquence cruciale pour le président Emmanuel Macron, attendu en fin de matinée dans un bureau de vote du Touquet. Le chef de l’État pourrait, dans les jours qui viennent, procéder à un remaniement et préciser son intention affichée de « se réinventer » pour les deux dernières années de son mandat.
Port du masque obligatoire
Plus de 157 000 candidats et 16,5 millions d’électeurs sont concernés par ce scrutin hors normes, avec port du masque obligatoire dans les bureaux de vote, gel hydroalcoolique et priorité aux personnes vulnérables pour voter.
Quelque 15% des communes sont concernées, ainsi que les arrondissements et secteurs de Paris, Lyon, Marseille, où les conseils n’ont pas été élus au complet le 15 mars. Le second tour concerne principalement les villes, puisque les communes rurales ont massivement conclu l’élection dès le premier tour. Outre les traditionnels duels, les candidats s’affronteront dans 786 triangulaires et 155 quadrangulaires.
Le vote a en revanche été à nouveau reporté en Guyane, où le virus continue de se propager.
Le défi de la participation
Le premier défi sera celui de la participation, après la dégringolade du premier tour, quand 44,3% seulement des électeurs – contre 63,5% en 2014 – s’étaient déplacés pour voter en raison des risques de contamination.
À l’issue d’une campagne souvent cantonnée aux réseaux sociaux et aux médias, une abstention massive se profile à nouveau. Six Français concernés sur dix pourraient ne pas aller voter, selon plusieurs sondages. Une proportion encore plus élevée qu’au premier tour. Mais nombre d’électeurs ne se décident qu’au dernier moment.
Principale innovation, d’une portée limitée, pour faciliter le vote : un même mandataire pourra disposer de deux procurations au lieu d’une, pour permettre à un plus grand nombre de personnes, notamment aux plus âgées, de voter sans se déplacer.
Grandes villes dans la balance
Finis les maires inamovibles qui choisissaient leur successeur! Les résultats s’annoncent cette fois serrés dans une dizaine des grandes villes de France, principalement sous la poussées des écologistes.
À Paris, Anne Hidalgo (PS), qui a contenu au premier tour ses partenaires d’EELV en endossant elle-même un programme résolument écolo, semble en position de garder la ville à gauche, avec autour de 44% d’intentions de vote, loin devant ses concurrentes LR Rachida Dati et LREM Agnès Buzyn.
Pour La République en Marche, le jour du vote est celui de la fin du calvaire : peu de ses candidats sont bien placés – à l’exception de Strasbourg – et la campagne au rabais ne leur a guère permis de se faire connaître.
Dimanche soir, le résultat au Havre, où Edouard Philippe joue son avenir à Matignon, sera très attendu. Le Premier ministre, qui connaît un regain de popularité, y est crédité de 53% d’intentions de vote (Ifop). Mais l’importance de l’enjeu peut mobiliser les abstentionnistes du premier tour.
Droite et gauche pour confirmer, les Verts pour percer
Très affaiblis au plan national, le Parti socialiste et Les Républicains se sont refaits une santé localement. Le PS est en capacité de conserver ses bastions – Paris, Nantes, Rennes, Dijon – et devrait retrouver le niveau qui était le sien après la perte de très nombreuses villes en 2014.
Les Républicains ont quant à eux confirmé leur implantation en remportant dès le premier tour bon nombre des villes de plus de 9 000 habitants qu’ils contrôlaient. Mais une défaite à Marseille, que la droite détient depuis 25 ans, ou à Toulouse, la quatrième ville de France, aurait une forte résonance politique.
Portés par la vague écologiste, les candidats EELV visent plusieurs grandes villes, dont Grenoble, Lyon, Strasbourg, Besançon, pour confirmer leur implantation, et ils dénoncent des « fronts antiécolos » pour leur faire barrage. Pour les Verts, qui ont longtemps servi de force d’appoint, il s’agit aussi de s’affirmer comme les premiers à gauche avant les prochaines échéances électorales.
Principal adversaire d’Emmanuel Macron au plan national, le Rassemblement national reporte ses espoirs sur Perpignan après un premier tour mitigé. En cas de victoire, ce serait la première ville de plus de 100.000 habitants contrôlée par le parti depuis 1995.
« Troisième tour »
Les conseillers municipaux, élus pour six ans, se réuniront ensuite du vendredi 3 au dimanche 5 juillet pour élire les maires et leurs adjoints. Et dans certaines villes, il faudra effectivement attendre ce « troisième tour » pour connaître le nom du maire.
Les électeurs éliront également dimanche, et sur un même bulletin, les conseils communautaires de quelque 1100 communautés de communes, métropoles ou agglomérations, où se concentre désormais le pouvoir local. Des intercommunalités dont le rôle sera essentiel pour la relance économique à l’issue de la crise sanitaire.
AFP