L’Union européenne a adopté jeudi la prolongation exceptionnelle des contrôles aux frontières intérieures de l’espace Schengen pour les cinq pays qui les ont rétablis en 2015 au plus fort de l’afflux migratoire vers l’Europe.
La recommandation en ce sens, présentée le 4 mai par la Commission européenne, a été adoptée jeudi par le Conseil de l’UE, qui réunit les États membres. Quatre pays de l’Union (l’Autriche, l’Allemagne, le Danemark et la Suède), ainsi que la Norvège, pays associé à la zone de libre-circulation, vont ainsi pouvoir poursuivre leurs contrôles pendant une période initiale de six mois, au-delà de la dérogation autorisée en temps normal.
La durée maximale de ces exceptions temporaires aux règles de l’espace Schengen arrivait à son terme – le 13 mai en Allemagne, le 16 en Autriche – pour les pays qui y ont eu recours face à l’afflux de migrants des côtes grecques vers l’Europe du Nord via les Balkans. Mais la Commission a déclenché le 4 mai la procédure exceptionnelle permettant une prolongation jusqu’à deux ans (par périodes de six mois) dans le cas où de «graves lacunes» persisteraient dans la gestion d’une frontière extérieure.
Malgré la fermeture de la route migratoire des Balkans et la chute sensible du nombre de migrants arrivant par la Turquie, l’exécutif européen a jugé que la situation de la frontière extérieure grecque de l’espace Schengen n’était pas encore satisfaisante, rendant légitimes des contrôles prolongés à certaines frontières. Les États membres craignent des «mouvements secondaires» des dizaines de milliers de migrants actuellement bloqués en Grèce.
Certains s’inquiètent aussi de l’avenir de l’accord avec la Turquie, qui a contribué à endiguer l’afflux de migrants ces dernières semaines, mais qui semble menacé par les tensions avec Ankara au sujet de l’exemption de visas pour ses ressortissants voyageant dans l’espace Schengen. Les contrôles qui vont pouvoir se poursuivre ne concernent que les zones précises où ils sont actuellement en vigueur, a pris soin de préciser la Commission européenne. La frontière entre l’Italie et l’Autriche, et notamment le col du Brenner où Vienne menace d’introduire un dispositif anti-migrants, n’est donc pas concernée par la mesure.
Le Quotidien/AFP