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Schengen est loin d’être rétabli


La commissaire Ylva Johansson espère rouvrir l'intégralité de Schengen pour fin juin. L'opposition se fait déjà ressentir (Photo : APF).

Malgré l’appel pressant de la Commission européenne de rétablir la libre circulation dès lundi, plusieurs pays vont garder leurs frontières intérieures closes. L’ouverture vers les pays tiers est prévue le 1er juillet.

La crise du coronavirus ne va pas uniquement laisser des traces sur le plan sanitaire. Une des principales victimes du Covid-19 est la libre circulation à l’intérieur de l’espace européen.
Signés en 1985, les accords de Schengen sont entrés en vigueur le 26 mai 1995. Aujourd’hui, 30 pays sont estampillés Schengen. Le 25e anniversaire de l’abolition des frontières intérieures restera cependant un triste épisode, avec notamment la présence de policiers armés aux frontières entre le Grand-Duché et l’Allemagne.
En réponse à la propagation du virus, la France et la Belgique ont aussi fortement limité l’accès aux ressortissants grand-ducaux, suscitant l’ire du ministre des Affaires étrangères, Jean Asselborn, qui n’a cessé de réclamer le rétablissement de l’espace Schengen dans les meilleurs délais. «Le Luxembourg appelle à veiller à préserver cet édifice, qui est à la fois le symbole de notre Union et de nos libertés», avait-il déclaré le 26 mars.
Malheureusement, Schengen, fortement affaibli par le coronavirus, est encore loin d’être rétabli. Jeudi, la Commission européenne a lancé un appelant pressant aux États membres de l’UE afin qu’ils rétablissent la libre circulation dès lundi. Or, après la pagaille des fermetures de frontières pour cause de pandémie, la cacophonie reste de mise.

La Suède isolée, Lenert rassure

L’Espagne attendra ainsi le 1er juillet pour rouvrir ses frontières. La France, qui lève ses restrictions lundi, a annoncé que les mesures prises à la frontière espagnole resteraient en place jusqu’au 21 juin – date de la fin de l’état d’alerte en Espagne –, appliquant ainsi le principe de réciprocité.
La situation se corse également en Scandinavie, y compris pour les ressortissants luxembourgeois, à nouveau autorisés à voyager en Suède. Le pays, où l’épidémie du nouveau coronavirus reste vive, se retrouve isolé. La Norvège, faisant partie de l’espace Schengen, va ouvrir lundi ses frontières à tous les pays nordiques en imposant des conditions qui excluent à ce stade la quasi-totalité de la Suède.
«Il est vrai que la Suède a actuellement un taux inquiétant de nouvelles infections Covid-19», admet la ministre luxembourgeoise de la Santé, Paulette Lenert, en réponse à une question parlementaire urgente des députés libéraux Gusty Graas et Max Hahn. Le gouvernement ne compte cependant pas suivre l’exemple allemand. Berlin a en effet recommandé à ses Länder de mettre en place une quarantaine pour tout voyageur en provenance de Suède. La Belgique, les Pays-Bas, l’Autriche et la France ont également mis en place des restrictions. «Le gouvernement souhaite – à ce stade – responsabiliser les voyageurs et éviter des mesures contraignantes pour lesquelles il n’existe d’ailleurs pas de base légale», conclut la ministre.
Le Luxembourg est par contre frappé par l’interdiction décrétée par le Danemark, qui rouvrira ses frontières aux seuls Allemands, Norvégiens et Islandais. Les autres ressortissants européens devront attendre la fin de l’été.
Un voyage au Royaume-Uni reste également à déconseiller. Les autorités imposent une quarantaine de 14 jours aux voyageurs arrivant sur le territoire britannique. Vendredi, les compagnies aériennes British Airways, EasyJet et Ryanair – qui opèrent toutes depuis le Findel – ont décidé d’attaquer en justice le gouvernement britannique afin de mettre fin à la quarantaine.

Les Balkans suivent fin juin

Pour les frontières extérieures, la commissaire aux Affaires intérieures, Ylva Johansson, préconise une «réouverture partielle et progressive» de ces frontières après le 30 juin avec les pays tiers qui ont une situation sanitaire «similaire ou meilleure» que celle de l’UE. C’est le cas pour ceux situés dans les Balkans occidentaux, selon la Commission, qui juge que les voyageurs en provenance de ces pays devraient être autorisés dans l’espace européen dès le 1er juillet.
Pour les autres, les États membres vont devoir établir une liste de pays autorisés, en fonction de leur situation sanitaire. «Si nous leur ouvrons la possibilité de voyager dans l’UE, nous attendons qu’ils fassent de même pour les voyageurs venant de nos pays», a expliqué Ylva Johansson. Le dernier mot appartiendra encore une fois aux États.

David Marques et AFP