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Russie : Navalny, en grève de la faim, menacé d’être alimenté de force


L'alimentation de force d'un prisonnier en Russie est autorisée par la loi et peut se faire oralement, par voie rectale ou par intubation. (illustration AFP)

L’opposant russe Alexeï Navalny, en grève de la faim dans son pénitencier depuis le 31 mars, est menacé d’être alimenté de force par les autorités, a annoncé lundi son compte Twitter officiel.

« Il pèse 77 kg », a assuré le compte @navalny, affirmant qu’il a perdu huit kilos depuis le début de son action. « Au regard du sérieux de la grève de la faim, l’administration (carcérale) le menace quotidiennement de l’alimenter de force », poursuit-il.

L’alimentation de force d’un prisonnier en Russie est autorisée par la loi et peut se faire oralement, par voie rectale ou par intubation. Un tel traitement est considéré par des militants des droits humains comme une forme de torture.
Alexeï Navalny, incarcéré pour deux ans et demi en raison d’une sombre affaire de fraude largement vue comme un prétexte pour l’emprisonner malgré les dénégations du Kremlin, a cessé de se nourrir pour dénoncer les conditions de sa détention dans la colonie carcérale de Pokrov, à une centaine de kilomètres de Moscou.

Il accuse les autorités de lui refuser des traitements médicaux adéquats pour des problèmes de dos qui le font souffrir et gênent le fonctionnement de ses mains et de ses jambes. Selon ses avocats, il a une double hernie discale. En outre, l’opposant dit être « torturé » par privation de sommeil, ses geôliers le réveillant toutes les heures pendant la nuit.

Les autorités russes ont pour leur part rejeté toutes les accusations de Navalny, estimant qu’il bénéficiait de toute l’attention médicale dont il avait besoin. « Il n’a toujours pas accès à un médecin », a quant à lui assuré son compte Twitter officiel lundi.

Le plus célèbre détracteur du Kremlin a survécu l’été dernier à un empoisonnement par un agent neurotoxique mis au point par l’armée soviétique. L’opposant accuse le président Vladimir Poutine et ses services de renseignement (FSB) d’avoir voulu l’éliminer, ce que le pouvoir russe dément, refusant même jusqu’ici d’enquêter sur la tentative d’assassinat.

A son retour de Russie, après cinq mois de convalescence en Allemagne, il a été arrêté à son arrivée à l’aéroport de Moscou, puis rapidement jugé et envoyé en prison pour avoir violé un contrôle judiciaire dans le cadre d’une précédente affaire. Navalny s’est spécialisé dans les enquêtes sur la corruption visant Poutine et son entourage. Il compte des millions d’abonnés sur les réseaux sociaux.

LQ/AFP