La Cour de cassation italienne examine mardi l’affaire Rubygate, un scandale sexuel dans lequel l’ex-chef du gouvernement Silvio Berlusconi a été condamné en première instance à sept ans de prison mais acquitté en appel.
Dans l’affaire Rubygate, Silvio Berlusconi a été condamné en juin 2013, en première instance, à sept ans de prison. (Photos : AFP)
La juridiction suprême italienne, dont la décision aura des conséquences sur le destin politique de celui qui dirige toujours le parti de centre droit Forza Italia, pourrait annoncer sa décision dans la journée. Elle peut confirmer l’acquittement ou renvoyer tout ou partie du verdict pour un nouveau procès en appel. L’ex-Cavaliere, que ses partisans défendent, assurant qu’il est « victime d’un harcèlement judiciaire intolérable », comme l’a déclaré son conseiller politique Giovanni Toti, a sans attendre la décision de la Cour de cassation décidé de hausser le ton envers le gouvernement de Matteo Renzi.
Il a ainsi ordonné à ses élus à la Chambre des députés de ne pas voter mardi un projet de loi modifiant la Constitution, auquel il avait pourtant collaboré, prétextant l’attitude « arrogante » de Matteo Renzi, qui a fait élire un président de la République, Sergio Mattarella, auquel Silvio Berlusconi était opposé. « Nous savons qu’il est dans le coma politiquement mais nous ne savons pas quand il rendra son dernier soupir. De nouveaux problèmes judiciaires pourraient accélérer ce moment », a déclaré le politologue Giovanni Orsina, de l’université Luiss de Rome.
Si la Cour de cassation devait annuler l’acquittement, « ce serait bien plus difficile pour Silvio Berlusconi de contrôler son parti (…) et cela aiderait M. Renzi », a poursuivi l’expert, évoquant une ambiance de « sauve-qui-peut » au sein de Forza Italia, le mouvement de l’ex-Cavaliere.
Une décision confirmant l’acquittement pourrait le renforcer dans son opposition au gouvernement de Matteo Renzi, au moins jusqu’aux élections régionales prévues en mai, qui donneront une indication sur le rapport de forces politique dans le pays. –
> Habitué des tribunaux
Dans l’affaire Rubygate, du nom de la jeune Marocaine Karima El-Mahgroub dite Ruby, Silvio Berlusconi a été condamné en juin 2013, en première instance, à sept ans de prison et interdiction à vie de mandat public pour prostitution de mineure et abus de pouvoir. Le tribunal l’avait retenu coupable d’avoir rémunéré des prestations sexuelles de Ruby lorsque celle-ci était encore mineure et d’avoir fait pression sur la préfecture de Milan pour la faire relâcher lorsqu’elle avait été arrêtée pour un larcin.
Silvio Berlusconi, 78 ans, a pour sa part toujours nié avoir eu des rapports sexuels avec Ruby lors de fêtes que des témoins ont décrites comme osées voire obscènes avec séances de striptease et de déguisements, devenues mondialement célèbres sous le nom de soirées « bunga-bunga ».
En juillet 2014, renversement de situation : la Cour d’appel de Milan prononce l’acquittement pur et simple de Silvio Berlusconi de toutes les accusations, mais avec un bémol cependant. La Cour reconnaît l’existence de rapports sexuels rémunérés, mais estime que Silvio Berlusconi ne savait pas que Ruby était mineure et rejette également l’accusation d’abus de pouvoir. Fait inhabituel, au lendemain de l’acquittement de Silvio Berlusconi, le président de la Cour d’appel qui le jugeait a présenté sa démission et est parti à la retraite.
Quel que soit le verdict de la Cour de cassation, les ennuis judiciaires de Silvio Berlusconi ne sont pas près de s’achever, même si dimanche il a mis un terme aux travaux d’intérêt général qu’il effectuait après une condamnation définitive à un an de prison pour fraude fiscale.
D’abord, dans un procès en cours, pour corruption de sénateur, Silvio Berlusconi est accusé d’avoir versé trois millions d’euros à un sénateur pour qu’il quitte la coalition de gauche et fasse chuter, en 2008, le gouvernement de Romano Prodi.
Un autre procès, appelé par les médias « Ruby-ter » le guette également. Dans cette affaire, la justice soupçonne Silvio Berlusconi et deux de ses avocats d’avoir payé des jeunes femmes, témoins dans le procès Rubygate, pour qu’elles rendent des témoignages favorables à l’ex-chef du gouvernement.
AFP