La société Uber a contesté en appel mercredi devant un tribunal londonien une décision de justice accordant davantage de droits à ses chauffeurs, qui travaillent actuellement comme indépendants.
En octobre 2016, la justice britannique avait donné raison à deux chauffeurs qui avaient intenté une action contre la plateforme de transports, réclamant de pouvoir bénéficier de vacances, d’indemnités en cas de congés maladie et du salaire minimum garanti par le droit du travail britannique. Si le jugement rendu en première instance était confirmé, Uber devrait respecter le salaire horaire minimum de 7,50 livres (8,50 euros) pour rémunérer ses chauffeurs. Mais aucune décision ne devrait être rendue avant plusieurs semaines.
Peu avant l’audience devant le tribunal du travail, Yaseen Aslamn, l’un des plaignants, a dénoncé les conditions de travail des chauffeurs travaillant avec Uber. « Ils sont coincés au travail, désespérés, à cause des charges coûteuses : les assurances, les droits de licence… La liste est longue », a-t-il déclaré. « Il y en a qui dorment dans leur voiture, d’autres qui travaillent jusqu’à 90 heures par semaine sans atteindre le niveau du salaire minimum ».
« Exploitation sauvage »
Dans un communiqué, Uber affirme pour sa part que « la vaste majorité des chauffeurs veulent garder la liberté d’être leur propre patron ». « Avec Uber, les chauffeurs ont davantage de contrôle et sont totalement libres de choisir leurs horaires et temps de travail », ajoute la société. L’autre plaignant, James Farrar, a lui qualifié d’ « exploitation sauvage » l’organisation du travail au sein de l’entreprise. Il a appelé le maire de la ville, Sadiq Khan, à conditionner le renouvellement de la licence d’Uber à Londres à l’amélioration des conditions de travail des chauffeurs.
L’autorité des transports londoniens, TfL, avait suspendu vendredi la licence autorisant la compagnie à opérer dans la capitale britannique. « L’approche et la conduite d’Uber ont démontré un manque de responsabilité (…) avec des conséquences potentielles pour la sûreté et la sécurité du public », avait justifié TfL. L’entreprise américaine, qui affirme compter près de 40 000 chauffeurs et 3,5 millions de clients à Londres, dispose de 21 jours pour faire appel de cette suspension. Elle peut continuer à fonctionner normalement pendant ce délai.
« Responsabilité morale » des usagers
Parallèlement, Uber fait face à des accusations de discrimination sexuelle de la part d’une femme chauffeur. Cette Londonienne de 44 ans a porté plainte, estimant que les directives de l’entreprise mettaient les femmes en danger. « Nous pensons que la politique d’Uber n’est pas suffisante en ce qui concerne la protection des femmes », a déclaré son avocat, Nigel Mackay.
Lundi, le secrétaire général du syndicat GMB avait appelé au boycott d’Uber, en faisant appel à la « responsabilité morale » des usagers. Les services de la société « ne sont pas peu chers sans raison: ils le sont aux dépens des conducteurs », avait-il affirmé.
Le Quotidien/AFP