La Première ministre britannique joue son avenir lundi après-midi lors d’une rencontre avec les députés de son Parti conservateur, furieux de son revers aux législatives de jeudi qui la contraint à chercher un accord avec le parti ultra-conservateur nord-irlandais DUP.
Fortement affaiblie par la perte de sa majorité absolue au Parlement, Theresa May va devoir rendre des comptes sur cet échec surprise alors que les sondages lui étaient largement favorables.
Lors d’une interview à la chaîne de télévision britannique Sky News dimanche soir, elle a nié être « en état de choc » et défié les appels à sa démission, affirmant sa détermination à continuer de gouverner.
Dès vendredi, elle avait assuré vouloir débuter « comme prévu, les discussions sur le Brexit dans les deux semaines ».
Boris Johnson, reconduit à son poste de ministre des Affaires étrangères, a toutefois rejeté les rumeurs avançant qu’il fourbissait ses armes pour lui succéder.
« A ceux qui disent que la Première ministre doit démissionner, ou que nous devons avoir une nouvelle élection ou même – Dieu nous en préserve – un second référendum, je dis oubliez ça », a-t-il écrit dans le tabloïd The Sun.
Le ministre en charge du Brexit David Davis, également reconduit, a aussi apporté son soutien à Mme May sur la radio BBC tout en concédant que « certains éléments du programme » des Tories pour les élections « vont être éliminés ».
Sur le Brexit en revanche, rien n’a changé selon M. Davis qui a affirmé qu’une sortie du marché unique européen était nécessaire « pour reprendre le contrôle » des frontières britanniques et que la possibilité de l’absence d’un accord demeurait.
Du côté des analystes cependant, nombreux sont ceux qui estimaient lundi que Mme May pourrait être contrainte d’abandonner l’idée d’un Brexit « dur » et de devoir maintenir le pays dans l’union douanière et le marché unique européen.
Pour le directeur général du géant de la publicité WPP, Martin Sorrell, cité par le quotidien économique gratuit City A.M., le résultat de ces élections a « paradoxalement » renforcé les chances d’avoir un Brexit « doux ».
Brexit dur, doux ou pas d’accord… selon Carolyn Fairbairn du Financial Times, la seule certitude est que « la probabilité d’avoir un bon accord pour le Royaume-Uni s’est éloignée ».
Mme May doit dans un premier temps s’entendre avec le DUP, dont les dix élus permettraient aux Tories (318 députés) d’atteindre les 326 sièges requis pour gouverner tant bien que mal.
Visite à Macron
La perspective fait l’objet de fortes critiques au Royaume-Uni, à cause du conservatisme sociétal de ce parti nord-irlandais, farouchement opposé au mariage des homosexuels et à l’avortement. Mais aussi parce qu’un tel accord poserait la question de la neutralité du gouvernement britannique en Irlande du Nord, région toujours soumise à de fortes tensions 20 ans après la fin des « Troubles ».
La cheffe du DUP, Arlene Foster, a déclaré dimanche que les discussions allaient se poursuivre cette semaine afin de trouver un accord, précisant qu’elle devait rencontrer Mme May à Londres mardi.
Le nouveau gouvernement de Theresa May, achevé dimanche et marqué par la reconduction de ses principaux ministres ainsi que le retour du pro-Brexit Michael Gove en tant que ministre de l’Environnement, doit se réunir lundi après-midi.
Michael Gove, qui s’était fait évincer par Mme May de son poste de ministre de la Justice lors de son arrivée au pouvoir en juillet dernier, revient dans une tentative de la Première ministre d’éviter un putsch contre elle, selon le Daily Telegraph.
Alors que Mme May doit rencontrer le président français Emmanuel Macron mardi à Paris, la Première ministre écossaise Nicola Sturgeon, à Londres lundi pour rencontrer les nouveaux députés de son parti indépendantiste SNP, va appeler à une pause dans les négociations du Brexit.
Le nouveau Parlement britannique doit siéger une première fois mardi, avant la cérémonie d’ouverture solennelle le lundi 19 juin, date prévue également pour le lancement des négociations sur le Brexit avec Bruxelles.
Le Quotidien / AFP