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Royaume-Uni : l’envers social de la prospérité au cœur des élections


Les inégalités dans l'un des pays les plus riches au monde sont au cœur de la campagne des élections législatives. (photo AFP)

Le Royaume-Uni bénéficie d’une économie en bonne santé à l’approche des élections, mais cette image flatteuse masque un pays encore inégalitaire après des années d’austérité et qui laisse beaucoup de Britanniques au bord de la route.

Loin de la City de Londres et de son rayonnant secteur financier, le Royaume-Uni ressemble parfois au quotidien du héros du film de Ken Loach, « Moi, Daniel Blake », Palme d’or à Cannes en 2016, aux prises avec des services sociaux chamboulés par l’austérité du début des années 2010.

Les inégalités dans l’un des pays les plus riches au monde sont au cœur de la campagne des élections législatives, après avoir joué un rôle prépondérant dans le vote pour le Brexit l’an dernier, souvent présenté comme le reflet d’une fracture sociale.

Le Parti conservateur de la Première ministre Theresa May n’a de cesse de marteler qu’elle veut promouvoir une société qui marche pour chacun, mais n’entend pas pour autant s’affranchir d’une certaine austérité peu propice aux dépenses sociales.

Face à elle, son concurrent travailliste Jeremy Corbyn insiste sur le fossé qui sépare riches et pauvres, faisant de l’aide aux plus démunis une de ses priorités.

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Les statistiques économiques officielles suggèrent pourtant que les voyants sont au vert, avec un taux de chômage à 4,6% et au plus bas depuis 40 ans. Le revenu médian des ménages s’est établi à 26.300 livres (30.400 euros) au cours de l’année budgétaire achevée fin mars 2016.

Ce revenu est désormais au-dessus de son niveau de 2007-2008, mais il cache des disparités criantes: les retraités profitent de meilleures pensions mais les travailleurs n’ont, eux, pas encore récupéré leur niveau de vie d’il y a dix ans.

Le centre de recherche The Resolution Foundation estime même que la baisse du niveau de vie des plus pauvres risque de porter les inégalités au niveau de celles de l’époque de Margaret Thatcher, soit un bond de trente ans en arrière.

Et prises ensemble, les 1.000 personnes les plus fortunées du pays seront cette année plus riches que les 40% des ménages les plus pauvres, a calculé la fondation Equality Trust.

Economie des petits boulots

« C’est une économie qui marche pour quelques-uns, non pour le plus grand nombre », prévenait début mai sa directrice générale Wanda Wyporska.

« Un nombre record de personnes ont fréquenté les banques alimentaires l’an dernier, des millions sont privés d’un logement décents et deux tiers des enfants pauvres sont dans une famille qui a un travail », explique-t-elle.

Le taux de pauvreté s’établissait à 6,5% de la population soit 3,9 millions de personnes, selon des chiffres de 2014 de l’ONS, les derniers disponibles.

Pour survivre, nombre de Britanniques, en particulier les plus jeunes, sont contraints d’avoir plusieurs emplois mal payés et souvent peu qualifiés en même temps, un phénomène nommé la « gig economy » (gig signifiant boulot en argot).

Plusieurs milllions de personnes seraient concernées par cette « économie des petits boulots » et aux contours assez flous, parfois assimilée à une « ubérisation » du marché du travail.

Dans le même temps, le nombre des contrats dits « zéro heure » bat des records à 900.000 emplois. Ils ne garantissent aucun horaire et donc aucune rémunération fixe à l’employé.

Conséquence directe, le syndicat TUC a calculé dans une étude que les salaires réels ont reculé durant les sept derniers années, du jamais vu depuis les années 1860 et 1870, payant le prix de la crise financière et désormais de l’inflation.

Selon la secrétaire général de la TUC Frances O’Grady, « les travailleurs britanniques ont subi la plus longue période de baisse des salaires depuis l’époque victorienne » et « davantage de souffrance est à prévoir ».

La poussée actuelle de l’inflation est un défi de taille, comprimant surtout le pouvoir d’achat des plus modestes qui ont du mal à boucler les fins de mois, alors même que les conséquences sociales du Brexit sont incertaines.

Pour John Hills, sociologue à la London School of Economics, un Brexit « dur », qui marquerait un divorce sans concession avec l’Union européenne, aurait un « coût en termes de pertes de production, d’austérité et d’emplois, ce qui se traduirait par une plus grande inégalité ».

Le Quotidien / AFP

 

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