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Royaume-Uni : le meurtrier présumé de Jo Cox devant la justice


Le Premier ministre britannique David Cameron et le leader du parti travailliste Jeremy Corbyn (g) rendent hommage à Jo Cox, à Birstall, le 17 juin 2016. (Photo : AFP)

La campagne pour le référendum sur l’Union européenne était toujours à l’arrêt au Royaume-Uni au surlendemain du meurtre sauvage de la députée pro-UE Jo Cox dont l’auteur présumé doit comparaître devant les magistrats samedi.

Unique personne soupçonnée dans le meurtre, Thomas Mair, 52 ans, a été inculpé, dans la nuit de vendredi à samedi, d’homicide volontaire sur la députée travailliste de 41 ans jeudi dans sa circonscription de Birstall, dans le nord de l’Angleterre. Il devait comparaître pour une première brève audience samedi devant le tribunal de Westminster, où sont généralement juges les affaires liées au terrorisme.

Particularité de la loi britannique, l’inculpation du suspect signifie que les médias n’ont désormais plus l’autorisation de publier les éléments et témoignages apparus depuis jeudi, notamment sur les possibles motivations du suspect. L’émotion était toujours extrêmement vive au Royaume-Uni, quarante-huit heures après le décès de cette mère de deux jeunes enfants. Elle a reçu plusieurs balles et a été poignardée en pleine rue devant la bibliothèque de la ville.

Depuis son avion Air Force One, le président américain Barack Obama a appelé le mari de la défunte pour lui présenter ses condoléances et dénoncer un «crime odieux». Des veillées étaient organisées dans de nombreuses villes britanniques. A Birstall, ou le Premier ministre David Cameron s’est rendu vendredi, des habitants souvent en larmes se sont recueillies dans le centre-ville.

«Forces obscures»

Des centaines de personnes ont également déposé des fleurs et observé une minute de silence vendredi soir à Londres, à l’extérieur du parlement que Jo Cox avait découvert en 2015 en tant que nouvelle députée.

«On traverse un période trouble au Royaume-Uni, comme si la haine avait été libérée. Elle (Jo Cox) a toujours combattu ces forces obscures», a déclaré Alice Poole, 40 ans. Elle était l’une des nombreuses anonymes à rendre hommage à la députée, une fervent avocate des droits des réfugiés, qui s’était fortement engagée dans la campagne pour défendre le maintien du Royaume-Uni dans l’UE.

«Que sommes nous devenus à cause de ce référendum ? Il faut prendre du recul et se demander si c’est dans ce climat de colère et de haine que nous voulons voter», a souligné Sunny Sharma, 31 ans, qui estime qu’il faut ajourner le référendum, prévu pour jeudi prochain.

Les deux mois de campagne ont été empreints d’une forte agressivité. Le matin même du drame, Nigel Farage, le leader du parti anti-immigration Ukip, a dévoilé une affiche mettant en scène une colonne de réfugiés et barrée du slogan «Breaking Point» (Point de rupture). Elle a été jugée nauséabonde jusqu’au sein même du camp du Brexit.

Le ton devrait désormais changer, ont estimé les analystes interrogés. Mais aucun d’entre eux ne s’est aventuré à prédire les conséquences de ce drame sur le résultat du vote alors que les dernières enquêtes d’opinion, réalisées avant le meurtre, donnaient les partisans du Brexit en tête.

Le Times pro-UE

Samedi, les deux camps ont de nouveau mis leurs campagne en sourdine. Boris Johnson, le leader des pro-Brexit, ne tiendra pas meeting à Birmingham, alors que le mouvement «Britain Stronger In» a annulé des dizaines d’événements à travers le pays. Plusieurs figures politiques, comme Jeremy Corbyn, George Osborne et Nigel Farage doivent apparaître à la télévision lors des émissions politiques du dimanche matin et David Cameron sera interrogé sur la BBC dans la soirée.

Mais la campagne ne devrait véritablement reprendre que mardi, à deux jours du référendum, avec un débat organisé dans la Wembley Arena devant 6 000 personnes. Dans l’intervalle, le Parlement, rappelé en session extraordinaire, rendra lundi un hommage national à «l’un de ses membres les plus brillants et les plus passionnés», selon les mots de David Cameron.

Après le Financial Times et The Economist, The Times s’est déclaré à son tour favorable samedi à un maintien dans l’UE, dans un éditorial intitulé «Refonder l’Europe». Le quotidien de centre droit fait partie du groupe de médias appartenant à Rupert Murdoch, qui possède aussi le tabloïd The Sun. Celui-ci s’est pour sa part déclaré partisan d’un Brexit.

Une sortie de l’UE aurait un impact «négatif et important» sur l’économie britannique qui pourrait, au pire, tomber en récession l’année prochaine, a averti de son côté le FMI. Le président russe Vladimir Poutine a, lui, suggéré que David Cameron avait organisé le référendum pour «faire chanter l’Europe» ou «pour l’effrayer».

Le Quotidien/AFP