« Humour britannique », « blague »: la presse allemande ironisait jeudi matin sur la nomination à la tête de la diplomatie britannique de Boris Johnson et la gauche a ouvertement critiqué l’arrivée du chantre excentrique du Brexit.
« Tout à coup, diplomate », titre sur son site internet l’influent hebdomadaire Der Spiegel. « House of Cards en Grande-Bretagne », s’amuse encore le magazine en référence à la série télévisée américaine sur les coulisses de la politique.
Avec la nomination du « King of Brexit » au poste de ministre des Affaires étrangères, « il n’y a finalement plus de doute sur le fait que dans la politique britannique, il ne s’agit pas du bien du pays mais de renvoi d’ascenseur, d’ambitions personnelles et de tactique pour le pouvoir », poursuit Der Spiegel.
Principal artisan de la campagne référendaire en faveur du Brexit, Boris Johnson semble lui-même « surpris » d’être nommé, note encore Der Spiegel. « Johnson ministre des Affaires étrangères? C’est de l’humour britannique », ironise le quotidien de centre-gauche Süddeutsche Zeitung sur son site internet, qui s’étonne que « Mr. Brexit devienne le ministre britannique des Affaires étrangères ».
Le quotidien Berliner Zeitung parle lui d’une « véritable surprise ». « Certains parlaient de la fin de sa carrière politique (…) A présent, celui qui passe pour ne pas être diplomate devient le diplomate le plus important » du Royaume-Uni, juge le journal berlinois.
« Coup d’éclat », « blague », tels sont les termes employés par le quotidien conservateur Die Welt, qui rappelle que Boris Johnson a qualifié la candidate démocrate à la Maison Blanche Hilary Clinton « d’infirmière sadique » et a comparé l’UE « à Hitler ».
L’hebdomadaire Die Zeit parle lui aussi de la « décision surprenante » de nommer « le plus éclatant partisan du Brexit » à la tête de la diplomatie britannique. Du côté des partis politiques de gauche, les premiers sons de cloche sont similaires.
La nouvelle Première ministre Theresa May « s’affaiblit » en prenant « une telle décision », a estimé l’un des vice-présidents du parti social-démocrate allemand (SPD), Ralf Stegner, mouvement qui fait parti de la coalition gouvernementale de la chancelière Angela Merkel et dont est issu le chef de la diplomatie allemande, Frank-Water Steinmeier.
Patron des députés Verts, Anton Hofreiter a regretté quant à lui « un très mauvais signal pour le processus de sortie » de Londres de l’UE.
Boris Johnson, 52 ans, que beaucoup pensaient marginalisé après son refus de briguer le poste de Premier ministre, a été nommé mercredi soir à la tête du Foreign Office. Il ne sera toutefois pas directement en charge des négociations avec l’UE, Theresa May ayant nommé l’ancien secrétaire d’Etat aux Affaires européennes, David Davis, 67 ans, ministre du Brexit.
Le Quotidien / AFP