Deux anciens Premiers ministres britanniques, Boris Johnson et Liz Truss, ont indiqué mercredi qu’ils s’opposeraient à l’accord conclu entre Londres et Bruxelles sur les règles commerciales en Irlande du Nord, sur lequel un vote est prévu mercredi au Parlement et qui divise les conservateurs au pouvoir.
« C’est inacceptable. Je voterai contre les arrangements proposés », a affirmé Boris Johnson dans un communiqué publié mercredi matin, quelques heures avant le vote, mais aussi avant son audition par une commission parlementaire sur les scandales des fêtes organisées à Downing Street durant la pandémie de Covid-19.
Les députés britanniques vont se prononcer sur un des éléments de cet accord, baptisé +cadre de Windsor+ et signé début mars entre le nouveau Premier ministre Rishi Sunak et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.
Il s’agit d’une mesure, appelée +frein de Stormont+ du nom du bâtiment abritant le Parlement nord-irlandais, permettant aux députés de la province de bloquer l’application de nouvelles règles commerciales votées à Bruxelles et susceptibles de s’appliquer en Irlande du Nord.
L’issue du vote s’annonce cependant sans véritable surprise, la majorité des conservateurs et l’opposition travailliste devant se prononcer en faveur du texte.
Une Irlande qui divergerait progressivement du Royaume-Uni selon Johnson
Le ministre des Affaires étrangères James Cleverly doit rencontrer Maros Sefcovic, vice-président de la Commission européenne, à Londres vendredi pour adopter officiellement le cadre de Windsor, selon des médias britanniques.
« Les arrangements proposés signifieraient que soit l’Irlande du Nord reste captive des règles de l’Union européenne –et divergerait ainsi progressivement du reste du Royaume-Uni– ou ils signifieraient que tout le Royaume-Uni est incapable de s’émanciper correctement (de l’UE) et de bénéficier du Brexit », a critiqué Boris Johnson. Et il a enjoint au gouvernement d’adopter la loi qu’il avait lui-même défendue pour sortir unilatéralement le Royaume-Uni du protocole signé avec Bruxelles et régissant le statut de l’Irlande du Nord.
Liz Truss, qui a succédé à Boris Johnson en septembre mais est restée à Downing Street moins de cinquante jours, va également voter contre l’accord. Le cadre de Windsor « empiète » sur la capacité du Royaume-Uni à s’écarter des règles et réglementations de l’Union européenne, selon elle.
Le parti conservateur divisé
Le parti conservateur reste divisé sur la manière de concrétiser le Brexit. Un groupe de députés conservateurs, réunis au sein du Groupe pour la recherche européenne (ERG), a critiqué le +frein de Stormont+, estimant qu’il serait « en pratique inutilisable ».
Ils regrettent « qu’aucune loi de l’UE ne soit (…) supprimée en Irlande du Nord contrairement à ce qu’a déclaré » le gouvernement. Ce groupe, désormais réduit à une douzaine de députés, autrefois très influents mais dont le poids a fané au sein des Tories, n’ont toutefois pas encore décidé s’ils s’opposeraient au texte ou s’abstiendraient lors du vote.
Cet accord est également critiqué en Irlande du Nord par les unionistes du DUP, dont le parti paralyse depuis près d’un an les institutions locales pour s’opposer au statut post-Brexit de la province. Ses huit députés au Parlement britannique ont déjà dit qu’ils voteraient contre le texte.