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Robert Schuman, père fondateur de l’Europe, pourrait être béatifié


La cause de Robert Schuman sera examinée par la "fabrique" des saints dirigée depuis six mois par le prélat italien Mgr Semeraro. (Photo : AFP)

Le Français Robert Schuman (1886-1963), l’un des pères fondateurs de la construction européenne, animé par une profonde mais discrète foi catholique, fera bientôt un premier pas décisif vers la béatification, estime un cardinal du Vatican.

Cette distinction par l’Église marquera le soutien du Saint-Siège et des papes à l’idéal européen de Robert Schuman qui a amené la paix et la réconciliation en Europe après la Seconde guerre mondiale.

Cela fait plus de trente ans que ce dossier a été lancé par le diocèse de Metz, où repose l’ancien homme d’État né au Luxembourg.

Mgr Marcello Semeraro, préfet de la Congrégation pour la Cause des Saints, indique que le pape François devrait reconnaître en juin « les vertus héroïques » de Robert Schuman, qui décrochera alors le titre de « vénérable ».

La reconnaissance des vertus héroïques précède une béatification, laquelle exige toutefois un miracle. Il faut ensuite un second miracle validé par le Vatican pour obtenir le statut de « saint ».

La cause de Robert Schuman sera examinée par la « fabrique » des saints dirigée depuis six mois par le prélat italien Mgr Semeraro, un proche du pape. »Si le résultat est favorable, la question sera soumise au Saint-Père, peut-être en juin, avant l’été », stipule le cardinal. Le pape François pourra ensuite décider de publier « un décret sur les vertus héroïques » de Robert Schuman.

« L’Europe se fera par des réalisations concrètes »

Le temps fort de la carrière politique du député, plusieurs fois ministre, remonte à une déclaration du 9 mai 1950 – aujourd’hui la journée de l’Europe –, annonçant le projet français de création de la Communauté européenne du charbon et de l acier (CECA), qui posa l’acte premier de la construction européenne.

« Il n’est plus question de vaines paroles, mais d’un acte, d’un acte hardi, d’un acte constructif », souligna Robert Schuman, alors ministre français des Affaires étrangères, depuis le Quai d’Orsay.

Cet acte « hardi », ce fut de proposer à l’Allemagne, cinq ans seulement après sa capitulation, la mise en commun des productions de charbon et de l’acier pour créer un espace de paix en Europe. « L’Europe ne se fera pas d’un coup, ni dans une construction d’ensemble : elle se fera par des réalisations concrètes, créant d’abord une solidarité de fait », estimait Schuman.

La CECA fut scellée par un traité signé le 18 avril 1951 par l’Allemagne, la France, l’Italie, la Belgique, le Luxembourg et les Pays-Bas.

Robert Schuman, né au Luxembourg, fut élu après la Première Guerre mondiale député de la Moselle et devint en mars 1940 sous-secrétaire d’État aux Réfugiés. Déporté en Allemagne en septembre 1940, il s’était évadé. Il fut aussi ministre des Finances après-guerre, représentant de la France à l’ONU, et ministre de la Justice.

LQ/AFP